Réactionnaires d’aujourd’hui, politiciens démagos, nostalgiques de l’ordre ancien, journalistes en croisade, tous s’accordent sur le grand thème à la mode ces temps-çi, sur LA solution à tous les mots : comme disait Pétain (ou Raffarin, je sais plus ?) il faut remettre la France au travail et en finir avec la civilisation des loisirs.

Ah, qu’il est loin le temps où les fiers ouvriers travaillaient de tout leur cœur, vivaient une vie saine et ne se plaignaient pas car il savaient que si on les faisait travailler autant, c’était bon pour eux ! Aujourd’hui les employés ne veulent plus travailler, ils préfèrent être oisifs ou ne bosser QUE 35 heures, ah les feignants ! Ils préfèrent se ruiner la santé et la vertu plutôt qu’aller abattre leur labeur quotidien ! Les imbéciles !

Seulement voilà messieurs, sachez que votre vision idyllique de la France d’autrefois, en plus d’être du révisionnisme historique est une aberration scientifique. Pas besoin d’avoir fait fac de médecine pour s’en rendre compte : LE TRAVAIL TUE à petit feu (ou plus vite : 2 morts par jour en France d’accident de travail).
Les problèmes qu’entraînent tous ces boulots de merde très souvent inutiles sont multiples. Ils sont d’abord physiques dans les métiers manuels : douleurs au dos, fatigue, cancers dû aux produits toxiques inhalés, au stress… Tout étudiant qui s’est retrouvé un jour à faire ce genre de boulot à la con pour payer ses études voit de quoi je parle, tout ouvrier aussi (et n’importe qui a pu voir ses parents se tuer à la tâche, sauf les fils de patron) ! Ces problèmes physiques ont des conséquences directes sur la vie des personnes : on n’arrive plus à faire certaines choses de la vie courante parce que notre état physique ne nous le permet pas.

Les professions qui échappent à la plupart des efforts physiques (informaticien, secrétaire…) ne sont pas moins exemptes de graves problèmes de santé. A Toulouse, la section spécialisée dans le soin des maladies dues au stress du travail a une liste d’attente de plusieurs mois !! Anxiolytiques, anti-dépresseurs, Valium, caféine à outrance sont les drogues officielles dont des milliers de travailleurs sont gavés afin de tenir des horaires impossibles et une pression psychologique qui dépasse souvent le supportable.
Les étudiants, souvent vu comme des privilégiés, n’échappent pas à la règle. Les deux années que j’ai passé à la fac m’ont permis de le constater : énormément d’étudiants se droguent d’une façon ou d’une autre pour tenir. Moi qui ai toujours refusé cela (même le café) j’ai dû rater énormément de cours où j’étais pourtant présente parce que je m’étais profondément endormie sur la table.

Les lycéens, collégiens et écoliers subissent aussi ce genre de choses à la différence que ce ne sont pas toujours de leur propre volonté : combien d’enfant et de jeunes sont déclarés « hyperactifs » (les salauds, ils supportent pas de rester assis toute la journée à écouter débiter des choses sans intérêt ! ) et drogués aux médicaments pour rester calme ? Je vous pose une question : où en est on quand un enfant de 8 ans est lobotomisé par les cachets, tout ça pour être dans la norme fixée par l’éducation nationale ?

Combien de soi-disant maladies psychologiques ont-elles été inventées pour cacher les réactions de survie de travailleurs de tout âge développées contre un travail qui leur vole jusqu’à leur propre santé ?

Les usines qui explosent ne sont pas les seules entreprises qui tuent ! Éliminons le capitalisme avant qu’il ne nous élimine !

Paru dans le numero 32 du journal des JL "Il était une fois la révolution, con!"