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INTERVIEW DE JUSTIN STICULE


« Vous en avez marre de la langue de bois, des phrases toutes faites
et l’hypocrisie vous sort par les yeux ? »

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Slogan de la campagne de Justin avant qu’il n’arrive au pouvoir

Il était une fois: Bonjour Mr le ministre, je tiens tout d’abord à vous remercier d’être parmi nous…

Justin Sticule: Ho ! Vous savez, il est de mon devoir de me présenter régulièrement devant le peuple, rendre des comptes aux français. Car vous savez…

Oui, très bien, alors une première question : qu’en est-il de des fausses factures de votre parti ?

Ha ! Et bien je suis content que vous me parliez de cette accusation hasardeuse, lancée par je ne sais quel membre de l’opposition, n’est-ce pas ? Oui, car je vais - et c’est mon devoir de ministre – rétablir la vérité. Je prouverai qu’il ne s’agit rien d’autre que de calomnies visant à discréditer la politique du gouvernement dans son ensemble, car c’est le parti et donc la Nation qui est touchée dans sa chaire.
Le peuple doit savoir. Et c’est mon devoir, je le répète ; rien n’arrêtera ma soif de justice et de vérité vraie réellement juste.

Hum… et qu’elle est-elle, cette « vérité » ?

… keu… qué… comment ?

La vérité concernant l’affaire des fausses factures.

Ha ! et bien il s’agit de replacer le problème dans le contexte fort particulier qui l’entoure. Rappelez-vous 1998, année charnière en matière d’exportation de magnétoscopes vers l’Europe du Sud (notamment l’Italie et le Portugal). Et ce n’est pas tout : comme je ne fais pas les choses à moitié et que je suis un homme de parole, j’ai apporté avec moi - afin que nous puissions analyser efficacement le problème – les graphiques de l’évolution du chômage des 35-39 ans comparée à celle du prix des timbres depuis 10 ans et de celui des tickets de bus dans la zone nord du IVe arrondissement à Paris. Vous pouvez les voir, oui, rien ne sera caché car c’est mon devoir d’établir toute la vérité.


Vous n’avez pas le sentiments d’éviter le sujet, Mr Sticule ?

Certainement pas ! Écoutez monsieur, si je peux m’exprimer ainsi, personne ni rien ne m’arrêtera dans cette quête incessante pour rétablir…

Oui oui, bon… Vous êtes décidément un vrai pro après 3 ans au gouvernement… Passons à autre chose : vous vous êtes exprimé il y a une semaine sur TF3 en rapport avec le trou de la SECU…

Permettez-moi de vous interrompre immédiatement, j’ai déjà eu à me justifier concernant ce problème. Mr Patrick Poivre d’Abord a lui-même reconnu après mes explications, que les chômeurs, n’est-ce pas, font une utilisation abusive des services publics qui sont un privilège de

Les chômeurs ?! Vous leur collez décidément tout sur le dos ! Sur les graphiques, on peut voir que le trou est proportionnel aux dépenses estivales des ministres…

… car le chômeur ne doit plus être un assisté. Et si l’on pose la question à l’envers…

Non non, gardez la à l’endroit ! Regardez : j’ai ici les comptes du parti depuis 2001. On peut y trouver pêle-mêle des notes personnelles de service d’étage excédent les 15 000 francs par soir, l’achat de 3 bateaux luxueux, 17 soirées strip-tease entre ministres…

Écoutez, cela prouve au moins que notre comptabilité est des plus transparente, ce qui n’est pas le cas de l’opposition, si je ne m’abuse, ho ho.

Et bien pour être franc, elle est aussi dure à déchiffrer. La NSA n’aurait pas mieux fait question cryptage des données.

Ah… euh, et bien je peux vous assurer que je ferais le nécessaire pour…

Pour ? Être moins pourri ? Vaut mieux car c’est avec l’argent du contribuable, NOTRE argent que vous vous payez les voyages partout dans le monde, les restos grand luxe entre « gens distingués » et les parties de jambe en l’air. Sans compter les appartements dans le 16e, les emplois fictifs…

Hum…

… les réceptions des chefs du monde entier pour taper la causette entre le caviar et les petits fours, l’augmentation du salaire des ministres…

Ah ! Sur ce point, je tiens à dire que j’ai une excuse ! … zut, elle est où ? (Justin cherche une feuille qu’il finit par trouver) Voilà, c’est écris noir sur blanc : « Chers français, chers compatriotes… bla bla… je déclare solennellement »… non, c’est plus loin « bla bla… volonté farouche de changement… plus de démocratie… bla bla »… ah, c’est ici : « je n’ai fait qu’officialiser une situation déjà existante ! Les ministres, avec toutes les magouilles, touchent effectivement bien plus que ce que l’on vous fait croire depuis tant d’années »…

Vous êtes sérieux ? C’est ça votre excuse ? « on se fout de vous depuis 50 ans, je ne fais qu’officialiser ce foutage de gueule » : c’est aussi absurde que « je tue une personne chaque mois, désormais c’est officiel » ! Vous nous prenez pour des cons ?

Oui, oui… heu, ce n’est pas que… Le problème est plus vaste : l’immigration est un thème qui remue la France. On peut s’accorder pour dire que notre nation ne peut éternellement venir en aide aux plus démunis. Prenez le SDF…

… jeté à la rue par un proprio sans cœur…

… il ne peut constamment s’en remettre à l’État pour l’aider…

… alors qu’il crève de faim et que l’hiver arrive…

… comprenez que ce n’est pas notre faute…

… vous imposez et soutenez le capitalisme ambiant, protégez les patrons et c’est vous qui envoyez vos chiens de garde - les flics – déloger les sans-logis qui occupent un entrepôt pour pas crever dehors…

… ce n’est pas notre travail…

… c’est pourtant pour cela que vous prétendez être indispensable…

… l’État, le gouvernement est indispensable ! Moi-même, mon équipe sommes indispensables ! Sinon, comment imaginer une nation prospère et organisée ?!

Prospère pour vous : nous, c’est les miettes qu’on touche ! Organisée ? Selon vos envies ! Vous faîtes ce que vous voulez et nous laissez le strict minimum, juste assez pour nous faire croire à une démocratie, et c’est vous qui avez le dernier mot de toutes façon… Votre travail consiste à porter une cravate et piquer notre pognon.

Bien ! Devant tant de mauvaise foi… oui oui, vous m’avez bien entendu, de mauvaise foi ! Je préfère m’en aller : ma place est au milieu de gens sérieux, qui savent poser des questions et écouter mes réponses poliment.

Vous voulez dire qui savent poser les questions qui vous arrangent et ne pas vous mettre dans des situations embarrassantes. Un peu comme à la télé, quoi.

Par exemple ; les journaux ne sont pas mal non plus. Vous n’avez pas l’air d’aimer grand chose, jeune homme : vous ne seriez pas un peu anarchiste ?

Si être anarchiste signifie contester une autorité illégitime, alors nous sommes tous anarchistes sans le savoir. Je déteste l’oppression, les privilèges et les iniquités : j’aime la liberté, l’égalité et la solidarité ! L’État soumet, le capitalisme tue et exploite. Vous gâchez nos vies !

Ho ho ! Vous ne manquez pas d’air, vous au moins.

Merci de vous inquiéter pour moi, je n’ai pas de problèmes de respiration.
Tenez, regardez donc cette feuille et lisez-nous à voix haute ce qu’il y a écrit en bas svp.

(Justin saisi la feuille avec un froncement de sourcil, comme s’il voulait y dissimuler son anxiété derrière)
« … Avec Copidoc, vos photocopies moins chères pendant les happy hours, de 17h à 19h. Copidoc : la qualité, pas du toc »

Non non, plus haut.

Ah ! oui, bien sûr (fait-il en branchant son sourire politicien et marmonnant une excuse inaudible). Alors… « Je m’engage à faire de l’éducation une priorité nationale, à réformer le système carcéral de manière à ce qu’il respecte la dignité humaine… » Ho, oui, il s’agit bien évidemment d’un programme quelconque de je ne sais quel parti démagogique…

… Le votre, Mr le ministre…

… Ah… bien sûr… Ce programme très complet (un peu ambitieux, n’est-ce pas) que nous nous sommes efforcés de respecter avec une rigueur sans égale, mais…

… rien n’a été fait…

… heu… les choses sont très compliquées. Écoutez cher monsieur, comprenez que ce programme… heu… il ne s’agit pas de… mensonges – ça non ! …, mais bien de projets auxquels le gouvernement se propose de réfléchir une fois au pouvoir.

Les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient, c’est ça ?

Oui, enfin, il s’agit de la version pessimiste, n’est-ce pas ? On peut voir ça autrement : rien n’oblige les hommes politiques à s’en tenir à ce programme, programme qu’ils s’efforceront pourtant de mettre en place coûte que coûte (voir l’article sur … p …)
D’ailleurs, si le reste n’a pas été appliqué, vous remarquerez que la réduction des impôts de 12% sur les revenus des plus démunis fut mise en place voilà 2 ans. Même si ces personnes-là ne sont de toute façon pas imposables, c’est l’intention qui compte comme on dit… ho ho !


Vous vous êtes rendu Mardi à Toulouse pour faire votre possible concernant la fermeture du site SNPE qui a failli sauter avec l’explosion d’AZF…

Oui, l’accueil y a été des plus chaleureux. Sur le trajet, des partisans me criaient leurs noms afin que je les reconnaisse et si…

Pardon ?

Oui, vous savez, comme tout le temps… des admirateurs ! Ils hurlaient « Vendu », « Voleur », « Menteur », « Connard ». Quant au site SNPE, il n’est pas la « bombe à retardement » que l’on veut nous faire croire.

Dans ce cas, à quand son déplacement à côté de l’Élysée ? Tiens, tant qu’on y est : sur la question nucléaire ?

Le nucléaire est un atout pour la France. Économique sûr, propre… que pouvons-nous ajouter à cela ?

Tellement sûr que cet été, la canicule a failli être fatale au cœur des réacteurs, provoquant plusieurs catastrophes nucléaires… Que pensez-vous de la guerre en Irak en 2003 ?

Je suis scandalisé par cette intervention militaire ! Elle était certes nécessaire… mais…

Très bien… que pensez-vous de la langue de bois et autres stratégies politiciennes ?

Sachez que jamais je ne me rabaisserai à de pareilles hypocrisies, indignes pour le serviteur du peuple que je suis. J’aime le peuple ; et je vous le dit sans démagogie aucune, n’est-ce pas ?
Il n’existe pas d’autres priorités que le bien-être de la nation. La démocratie doit être protégée par une équipe sincère, responsable et digne de confiance.

Comme vous ?!

Oui ! Mais pas seulement. Le peuple participe à cette grande construction : il travaille, et nous le nourrissons, le logeons, le protégeons.

Vous ? C’est lui qui se nourrit et se loge ! Le peuple a besoin de parasites pour le taxer ? Impôt sur le droit de vivre, impôt sur le droit de dormir… Vous produisez de la nourriture, vous construisez quelque chose ? Vous le « protégez » des délinquants que vous créez : la société a les criminels qu’elle mérite. Vous le « protégez » des autres armées en l’envoyant se faire massacrer. Ils s’entretuent, mais jamais un dirigeant n’ira sur le terrain : vous ne trouvez pas stupide de mourir pour la « nation » ? Alors allez-y, et ne faîtes pas chier les autres !

Ah ! A vous entendre, on croirait que les politiciens sont tous pleins aux as et ne cessent de mentir pour arriver au sommet de la hiérarchie…

Vous insinuez que c’est faux ?

Heu… en partie… Car vous savez, tout ça n’est pas le monopole des hommes : les femmes mentent aussi bien !
Quant à vous, je vous conseille de cesser cette interview embarrassante. J’ai les moyens de vous faire taire : vous n’êtes pas le premier et vous ne serez pas le dernier ! Je vous laisse d’ailleurs le choix : nous vous proposons la création d’un poste de suppléant stagiaire de l’assistant au ministère des questions de l’éthico-juridico-social (il fait le lien avec la commission QAT « Questions A ne pas Traiter », chargée d’améliorer notre quotidien) et nous ferons en sorte de vous y nommer. Vous nous remettrez chaque année un rapport de 650 pages bien tassées que nous jetterons à la poubelle aussitôt ; cela vous fera peut-être fermer votre grande gueule. Insolent…

Mmh… Il paraît que le pouvoir pourrit celui qui le tient, j’ai peur de vous ressembler à la fin. Mais étant sûr de mes qualités, de la profondeur de mes convictions, je suis si intègre et sincère que j’accepte. D’ailleurs, je fais serment au peuple, n’est-ce pas, (il est où mon bureau ?) de faire TOUT ce qui est en mon pouvoir pour… Oups !

Propos reueillis par Alphonse M.

Toute ressemblance avec une situation réelle ou des individus existants serait purement fortuite.


Paru dans le numero 32 du journal des JL "Il était une fois la révolution, con!"