LA
NATURE HUMAINE:
étendard pourri du fatalisme et de la réaction
Qu'ils sont nombreux et
laids, ces ternes lieux communs qui servent d'ersatz de conscience
politique, de substitut de pensée à ceux qui
ont peur du changement, et qui tiennent lieu de prétexte
à ceux qui ont tout intérêt à ce
que les autres ne pensent pas !
En plongeant une main dégoûtée dans le
sac à vomi (1)
des idées-qui-n'en-sont-pas, on trouve - comble de
bonheur ! - soigneusement rangé entre "les
abstentionnistes font le jeu du FN" et "de
toutes façons, y'aura toujours des pauvres et des riches"
le non moins célèbre " l'Homme est
pourri, c'est la nature qui veut ça, et t'y changeras
que dalle avec tes p’tits papiers à la con, pôv'
blaireau...".
Ha !
Implacable argument qui claque dans ta petite gueule d'anarcho
de merde, et qui laisse flotter derrière lui une odeur
fétide. Ca sent le fatalisme stérile, l'aigreur.
Ca sent la peur de prendre son futur en main. « Ca sent
la trouille, Rémi! » (2)
Pourtant, le futur que tu avais habilement suggéré
à ton interlocuteur (après lui avoir copieusement
bourré la gueule pour qu'enfin, il t'écoute)
il avait pas l'air dégueulasse, ça l'avait même
laissé rêveur : des histoires de « décider-tous-ensemble-de
ce-qu'on-va-faire », des... « machins générales
», là, et pis, « plus de misère,
plus de patron qui t'aboie sur la gueule », «
des oiseaux qui chantent et des femmes qui courent nues dans
les champs »... (Il faut parfois savoir user de rhétorique
pour parvenir à ses fins). Mais soudain, alors que
tu t'apprêtais à lui pleurer doucement dans les
bras en l'appelant « compagnon », et à
lui agrafer une étoile noire et rouge sur son bleu
d'ouvrier, voila qu'il est pris d'un sursaut d'effroi qui
étouffe en lui toute velléité révolutionnaire:
"Mais t'es pas bien, ta! L'Homme, il est mauvais!
C'est dans sa nature! Y'aura toujours des guerres, du fric
et des gens qui veulent le pouvoir! " (3)
Et merde. Le con.
"Mais si, 'tain, r'gard' Jeanine et Maurice, y sont
d'accord avec moi! Même le mec à la télé,
là! Même le pape! Même le martien que j'ai
croisé hier soir en rentrant du bistrot, y'm'l'a dit!"...
(3)
Et pour cause.
Voici le résultat des efforts conjugués des
profiteurs, des médias qui distillent leur soupe empoisonnée,
des philosophes aigris, des politicards de tous bords et des
curetons de tous poils (qui ont d'ailleurs réussi à
persuader des générations entières de
crédules fidèles qu'ils étaient pourris
jusqu'à la moelle parce qu'un abruti avait croqué
dans une pomme. Allez comprendre…).
Bref, tout un ramassis de parasites qui ont tout intérêt
à ce que l'Ordre reste l'Ordre, et que ceux qui les
subissent ne se rendent pas soudainement compte que la Liberté,
c'est bien plus que les miettes qu'on leur jette à
la face d'un air condescendant.
La « nature humaine ». Ben tiens !
L'argument lui même est creux, sous ses dehors philosophico-scientifiques.
Comme si la connerie et le pouvoir étaient génétiquement
codés !
Non , messieurs dames : la connerie, ça s'apprend,
ça se travaille, ça se manipule!
L'être humain, contrairement aux autres animaux -c'est
pas du spécisme, je connais des animaux très
sympas- est majoritairement déterminé (si l'on
excepte ses fonctions strictement biologiques) par ce
qu'il apprend. On appelle ça l'acquis.
Si !
L'ensemble des marqueurs caractéristiques d'un individu,
notamment son comportement en tant qu' « être
social », se constitue à partir de la structure
socio-culturelle dans laquelle il évolue depuis sa
naissance. Entendons par là la cellule familiale, les
proches, l'école, le boulot, le PMU "chez Jean
Louis", bref, le système, en règle générale.
Tout ce qui est d'ordre psychologique, moral, comportemental
chez un individu est donc à mettre en rapport avec
son milieu et pas avec cette prétendue nature humaine
qui sert de justificatif aux pourfendeurs de la révolution.
En gros, si les rapports sociaux développés
par l'Homme sont souvent basés sur la domination ou
la soumission, ce n'est pas le fruit d'un quelconque déterminisme
biologique, mais bien le résultat du bourrage de crâne
méthodique opéré sur l'individu depuis
son plus jeune âge.
Le pouvoir, la hiérarchie, tu les prends dans la gueule
; que ce soit ta famille, ton prof ou ton patron qui te les
inculque. Et petit à petit, tu intègres ces
valeurs, et tu les appliques.
Si on te répète dix, quinze fois par jour que
toute ta vie tu seras un crevard, que tu dois accepter de
te laisser marcher sur la gueule par certains et de marcher
sur celles des autres afin de mener à bien ta sacro-sainte
ascension sociale, tu vas finir par l'accepter comme quelque
chose d'à la fois normal et inexorable.
"Et ouais, mon pote, la nature humaine..."
Cette soit disant méchanceté innée, cette
épouvantable nature qui réduirait à néant
toute volonté de s'organiser de façon horizontale,
égalitaire et libertaire n'est en fait que le produit
de l'entérinement par l'individu de l'ensemble des
"valeurs" pourries qui caractérisent toute
structure socio-politique basée sur l'oppression.
Et ça change toute la donne, concernant cette prétendue
immuabilité de notre condition, voués à
être asservis ou à asservir, car ce que l'on
a appris, on peut le désapprendre.
Ca s'appelle la
prise de conscience. Mieux qu'une douche froide.
C'est pas facile, mais ça marche et ça fait
du bien. Lucide. Tu te rends compte qu'il y a du boulot mais
aussi qu'il existe des choses biens, simples et justes qui
méritent d'être défendues : La solidarité.
La liberté. La vie . Pas la vie sous plastique, pleine
de notre petit confort de consommateur moyen occidental. Pas
les devises illusoires inscrites sur des pièces de
monnaies de prétendues démocraties.
Pas la nature humaine.
Des choses vraies.
Et ça
te donne de la rage, bordel, et du cœur au ventre, plus que
tous les fouets du grand Kakapital !
Ca te donne
la force de lutter pour qu'arrive le jour du grand soir, inexorablement.
A la sociale
!
Satan
Bush / 1 koin
Notes:
(1). Le « sac
à vomi » est un jeu Nathan. Toi aussi, fais rire
tes amis révolutionnaires pendant les longues soirées
d'hiver en épluchant les 243 énoncés
les plus hallucinants de conneries répertoriés
par Michel B.
Attention: ce jeu ne convient pas aux
aigris, aux politicards, aux fafs, aux stals, aux réacs,
aux gauchos, aux mous du fion et aux gras du cerveau. Bref
il ne convient pas à grand monde.
NB: Il n'y a pas de contre indication
pour les enfants de moins de 36 mois. (retour)
(2). T’ as pas vu le film "C'est arrivé près
de chez vous"? C'est vachement marrant. (retour)
(3). Toute ressemblance avec une situation réelle ou
des individus existant serait purement fortuite. (retour)