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DONNEZ AU PEUPLE DU PAIN ET DES JEUX!
« panemque circensens »


J’ai eu envie d’écrire cette brève en raison de ma perplexité face à un phénomène : le mélange fait, dans des milieux gauchistes/anars (en particulier dans le mouvement redskin) entre hooliganisme et combat prolétarien.


De nombreux jeunes prolétaires conscientisés vont dans les tribunes supporter leur équipe « prolétaire » contre une équipe « bourgeoise ». (alors que tous les types sur le terrain sont au moins 4 fois plus riches qu’eux)... Ils ont ainsi l’impression de se battre pour leur classe, et quand ils ont cassé la gueule aux supporters d’en face, ou se sont battus avec la sécurité, pensent avoir gagné un combat contre la bourgeoisie. Or, un peu d’histoire suffit à prouver à quel point c’est l’inverse !

Le développement du football dans les milieux ouvriers a commencé en Angleterre au 19ème siècle ( avec celui de la boxe), encouragé, voire créé par les patrons, qui ont développé des équipes afin d’occuper leurs ouvriers pendant leur temps libre -ces derniers ayant la fâcheuse habitude d’en profiter pour s’organiser entre eux et lutter.
Ainsi, le patron gagnait un double avantage : il occupait ses ouvriers mais en plus il leur donnait un nouvel ennemi contre lequel dépenser son énergie : l’équipe de l’usine ou de la région d’à côté, plutôt que lui qui les exploitait.

Aujourd’hui, le foot est devenu un business à part entière; très peu d’équipes appartiennent encore aux entreprises qui les ont fondé et les joueurs sont souvent professionnels, mais le principe reste le même : au lieu de dépenser ton énergie contre le vrai ennemi qui t’exploite, tu vas te battre contre des prolos comme toi, sous prétexte qu’une frontière ou je ne sais quelle connerie vous sépare.
« Il faut bien se détendre de temps en temps » me direz-vous. Faites-le de la façon qui vous chante, mais ne faites pas de n’importe quoi une lutte prolétarienne.

Suzon


 

Paru dans le numero 30 du journal des JL "Il était une fois la révolution, con!"