PETITE CHRONIQUE D'UNE SCENE D'HOMOPHOBIE ORDINAIRE
Définition «
Homophobie »: n.f. - phobie de l'homosexualité
- aversion pour les homosexuels, hostilité systématique
à l'égard des homosexuels.
Le jeudi 7 novembre 2002, s'est déroulée au
Café Rex une soirée étudiante à
"vocation humanitaire". L'affiche annonçant
cette charmante soirée m'a laissé assez songeur...

Mais mon attention a vite été retenue par les
jolis dessins au centre de l'affiche. On y distingue:
* Un chien dont la
tête est coincé dans un piège à
renard: on peut lire au-dessus « Si tu pense ne
jamais avoir de chance… »

* Puis ce même
chien, toujours coincé (donc ne pouvant se débattre)
se faire sodomiser par un renard: on peut lire au-dessus «
… saches que cela peut toujours être pire.»

UNE AFFICHE
SYMBOLIQUE
"Si tu penses
ne jamais avoir de chance... saches que cela peut toujours
être pire". Vous remarquerez de quelle façon
ces gentils étudiants, le cœur sur la main et se battant
contre l'injustice avec une ardeur inégalée,
représentent au travers de symboles le parallèle
entre les habitants des pays "riches" et du Tiers-Monde.
*Il y a tout d'abord
le petit Occidental (le chien) qui se plaint tout le temps
- le salaud! - car il croit que sa vie de perpétuel
inférieur perdant sa vie à la gagner est une
atroce souffrance qu'il faut enrayer au plus vite. "Détrompez-vous!",
nous signalent ces gentils étudiants: ce chien ne devrait
pas se plaindre! En effet... il y a pire ailleurs! C'est pour
dire...
*Le second dessin représente
alors le chien comme un habitant du Tiers-monde, dont la vie
est considérablement moins agréable que celle
d'un Occidental.
"Si tu penses
ne jamais avoir de chance... saches que cela peut toujours
être pire", nous disent-ils en illustrant ce propos
d'un chien se faisant sodomiser. C'est à dire? C'est
le fait de se faire sodomiser qui symbolise une "malchance"
accrue?
Si je comprends bien la morale de l'affiche, on ne devrait
pas se plaindre car les habitants du Tiers-monde sont plus
malheureux (argument plutôt stupide, je vous l'accorde).
Mais si je lis entre les lignes, je devrais remarquer la façon
dont est stigmatisée la sodomie: c'est un acte qui
rime avec le malheur et la souffrance.
LA PHOBIE
DU SEXE ANAL
Cette vision est largement partagée au sein de nos
sociétés patriarcales : le sexe anal, c’est
mal. Donc par extension, ceux qui le pratiquent (notamment
les homosexuels masculins) feraient quelque chose de mal,
de tabou. Il est quand même incroyable de comparer une
pratique sexuelle à une disgrâce, comme si celle-ci
était synonyme d’humiliation, de souffrance et de honte
! Prendre du plaisir est possible par devant comme par derrière,
pourquoi s’en priver ? Que l’on soit de sexe masculin ou féminin,
nos corps nous offrent de multiples possibilités de
jouissance, de plaisir, d’extase… Quel mal peut-il y avoir
à profiter des délices que l’on découvre
sur notre passage et au cours de ses propres expériences
? D’après moi, nous sommes sur terre pour jouir un
maximum de la vie (tant qu’on est de passage, ce qui est relativement
court avec du recul) et de ce qu’elle permet : le sexe, la
bonne bouffe, le massage, l’amour et l’amitié partagée…
La liste est longue !
Pourquoi restreindre volontairement son propre plaisir personnel
sous prétexte qu’une masse d’abrutis ne trouve pas
« normal » que des individus du même sexe
puissent s’aimer à en crever, que des êtres dotés
de sensibilité puissent prendre du plaisir ensemble
(qu’ils soient hommes ou femmes) ?
Qui sont ces « empêcheurs-de-s’aimer-et-de-baiser-en-paix
» pour juger une personne sur sa sexualité ?
Je trouve réellement HONTEUX de stigmatiser l’acte
sexuel comme dégradant ou pas suivant le type de position
pratiquée –ce magnifique dessin stéréotype
parfaitement la mentalité « viriliste »
et « beauf » des homophobes. Cette population
de crétins rejetant comme façon de s’épanouir
sexuellement la sodomie, ne se cantonnent pas à lacer
des blagues sur les « pédés »- histoire
de montrer que « nous, au moins, on en a des grosses
»- certains en effet vont jusqu’à partir à
la « chasse aux homos » pour prouver leur virilité.
Allez savoir pourquoi, mais ceux qui détestent les
homosexuels sont en général xénophobes,
sexistes et autoritaires. En revanche, ils aiment bien Dieu…
POURQUOI TANT
DE HAINE?!
Eh bien, la solution est à mon avis très simple.
Un chercheur américain en psychologie, Henry Adams,
a décidé d’étudier cela en laboratoire.
Il a sélectionné des hommes qui, tous, se déclaraient
hétérosexuels. Puis, dans le but de mesurer
leur degré d’homophobie, il leur a fait remplir un
questionnaire, composé d’une quinzaine de questions
du genre : « vous sentez-vous gêné en présence
d’homosexuels ? Évaluez votre gêne sur une échelle
de 0 à 100 ». Henry Adams a ainsi pu former deux
groupes d’une trentaine d’hommes : les uns homophobes, les
autres non homophobes.
Ensuite, il les a tous soumis à la même expérience.
D’abord, il a entouré leur pénis d’un anneau
composé de mercure. Lorsque cet anneau change de diamètre,
sa résistance électrique varie, ce qui permet
de mesurer le gonflement de l’organe entouré. Le système
forme alors ce qu’on pourrait appeler un « bandomètre
». Puis Henry Adams a projeté aux candidats trois
types de films pornographiques : hétérosexuel,
homosexuel féminin (lesbien) et homosexuel masculin
(gay). Et, dans chaque situation, il a mesuré la réaction
pénienne de ces cobayes humains.
Premiers résultats : face au porno hétéro,
le pénis tolérant gagne 23 mm en moyenne. Celui
des anti-pédés, 20 mm. Il se pourrait que les
homophobes n’aiment pas la pornographie… Dans ce cas, le zizi
homophobe devrait aussi se rétracter face aux démoniaques
douceurs saphiques (du plaisir lesbien)… Or pas du tout. C’est
même l’inverse : 18 mm d’accroissement pénien
pour les homophobes, contre 15 mm pour les hommes tolérants.
Les ratonneurs de pédés ont beau brandir un
crucifix lorsqu’ils croisent une « gouine », dans
leur slip, le petit jésus implore l’absolution.
Mais là où les homophobes font réellement
bande à part, c’est lorsqu’ils voient des hommes s’envoyer
en l’air. Devant un porno gay, les hommes tolérants
pensent à leurs factures comme le traduit un misérable
gonflement inférieur à 5mm. Pendant que les
anti-pédés s’identifient aux acteurs en gagnant
12 mm ! Un score qui reste plus proche de la tour de Pise
que de la rampe de lancement de Cap Canaveral, mais qui traduit
néanmoins une différence significative entre
les deux groupes ; 54% des homophobes saturent même
le bandomètre contre seulement 24% des hommes tolérants.
En conclusion, les homophobes semblent aussi excités
par les relations homos qu’hétéros. Et évidemment,
ils ne l’avouent pas… Henry Adams a demandé à
ses cobayes d’évaluer leur excitation par une note
de 0 à 10, pour chaque type de film. Chez les non-homophobes,
les notes suivent parfaitement les indications bandométriques.
A l’inverse, les homophobes sont carrément hypocrites
: pendant les pornos hétéros et lesbiens, leur
note reflète bien l’évolution érectile…
mais face aux pornos gays, ils s’efforcent d’attribuer de
faibles notes à leur excitation, en dépit du
sang qui déferle dans leurs verges!
ON NE NAIT PAS HOMOPHOBE,
ON LE DEVIENT
L’homophobie est très largement répandue dans
nos subconscients : une socialisation poussée nous
apprend dès tout petit à bien se démarquer
de ces « anormaux » que sont les homos. Les hommes
sont virils, forts et ne semblent pas être dotés
de sentiments (pleurer est une honte suprême), tandis
que les filles se doivent à l’inverse de choyer/materner
à l’infini leur tendre compagnon masculin. Un «
homme », un « vrai », ne s’aventure pas
à découvrir de nouveaux horizons sentimentaux
ou sexuels : « je suis pas pédé ».
Cette étiquette est absolument merveilleuse ! Rendez-vous
compte : chacun doit rendre compte aux autres de ses fantasmes,
préférences sexuelles et sentiments !
Être l’enculé, pour un homme, c’est la honte
suprême.
Quand on sait que les insultes sont un indice social infaillible,
de ce qui est objet de mépris et de dégoût
(la saleté, le sexe, les femmes, les étrangers,
la pauvreté, la grosseur, les animaux… « sale
chien », « grosse vache », « pauvre
clando »…), on comprend que le terme « enculé
» est une insulte homophobe : condamner cette pratique
en la dégradant (c’est considéré comme
une insulte), condamne par la même occasion ceux qui
utilisent ces pratiques.
Il en est de même pour les insultes racistes du genre
« sale boukak, nègre… »: dans un cas, on
attaque la personne en insinuant qu’être noir, c’est
insultant; dans un autre, on cherche à blesser ou provoquer
en prétendant implicitement que cette forme de sexualité
est dégradante... Ce terme d’ « enculé
» est généralement employé au masculin,
les femmes sont elles, tour à tour, des « salopes
» ou des « pétasses » (au choix).
Il est à souligner qu’une salope est une fille qui
jouit de son corps tandis que le synonyme affublé dans
ce cas-là aux hommes sera tout à fait différent
: « don juan », « coureur de jupons »…
Dans toute insulte, il y a son contraire : quand on traite
une personne « d’homosexuelle » (« pédé
», « enculé », « baltringue
» « tapette »…), c’est pour affirmer en
retour sa « non-homosexualité » = son hétérosexualité
= sa virilité.
QUAND HOMOPHOBIE
RIME AVEC VIRILITE
Les nazis par exemple, alors qu’ils envoyaient les homos dans
les camps de concentration exaltaient la virilité à
coups de torses bombés et de biceps en érection.
Le principe s’applique aux boneheads (skins nazis) qui se
livrent à des « chasses aux pédés
». On sait qu’ils finissent parfois par punir ces derniers…en
les violant ! Même fonctionnement en prison, où
le caïd qui se défend le plus d’être une
« tapette », est le premier à sodomiser
les plus faibles. Ces homophobes-homosexuels haïssent
l’homme au comportement « féminin », concept
angoissant qui les renvoie inconsciemment à la phobie
du féminin qu’ils portent en eux. Ce mépris
de l’homosexualité masculine passive n’est pas nouveau.
Tenez, on a vanté la tolérance de la Grèce
antique. Mais c’est encore l’homosexuel actif qui y était
honoré, pas le passif, considéré comme
un sous-homme. Le plus mal vu est tout de même la «
folle » qui affirme haut et fort sa sexualité.
Cette dévalorisation des homosexuels garçons
est une constante chez le mâle qui cherche à
dissimuler ses sentiments derrière une carapace de
gros dur considérant sa bite comme le centre de l’univers.
Car se faire pénétrer (par l’anus), c’est perdre
sa virilité, parce qu’à ce moment-là
« tu fais la femme », c’est à dire «
l’objet-passif-dessous-qui-a-un-trou-entre-les-jambes ».
l’homophobie rime souvent avec sexisme car ce qui craint,
c’est surtout d’être pris pour une meuf (alors si t’en
es une, t’imagines !). Si vous voulez mépriser quelqu’un,
« enculez »-le, verbalement ou physiquement :
ça voudra implicitement dire que vous êtes le
plus fort et que l’autre, celui ou celle que vous enculez
est bien en dessous, passif, objet-trou soumis, exactement
comme dans l’expression « se faire baiser/enculer ».
Aujourd’hui encore, c’est « enculé » qui
est une insulte, pas « enculeur ». En bref, si
t’es l’enculé, t’es vraiment nul, dominé et
inférieur…
"C'EST
PAS NATUREL"
« C’est dans
l’ordre des choses », nous dit-on, « une femme
va avec un homme point final ».
Le concept de « nature » est aussi très
souvent employé pour justifier ou dénigrer ne
pratique sexuelle plutôt qu’une autre. « La sodomie,
c’est pas naturel » : c’est quoi la nature ?
Est-ce que porter des vêtements est naturel ?
Est-ce que manger de la viande est naturel ?
Est-ce que ce qui est naturel, c’est la loi du plus fort ?
Est-ce que manger avec des couverts est naturel?
Est-ce que la fidélité est naturelle ?
Est-ce que c’est naturel de bétonner le monde entier
pour que seule l’espèce humaine puisse se développer
à l’abri des prédateurs ?
Est-ce que…
Est-ce que ce qui est naturel, c’est ce que prônent
les religieux et nos dirigeants ?!
Des études comparatives entre différentes sociétés
ont en effet démontré que les fonctionnements
humains dépendent de la socialisation, même pour
des actes que nous percevons comme les plus naturels, tels
que l’accouchement, les rapports sexuels, la façon
de se nourrir ou de dormir, (1). Il y a quelques temps, on
considérait comme « naturel » de traiter
les noirs en esclaves.
Le concept de « nature » me semble un argument
facile, tout trouvé et simple à contester car
sans fondement sérieux : le « naturel »
change suivant les époques et la situation géographique
!!
Est-ce que la « nature » n’arrange-t-elle pas
ceux qui veulent légitimer leur oppression sur quelqu’un
d’autre ?!
Mais il faut préciser que les animaux eux-mêmes
(censés avoir un comportement « naturel »)
s’en donnent à cœur joie : les vaches adorent brouter
du minou, les singes pratiquent la sodomie/le cunnilingus
avec des individus du même sexe et qui n’a jamais vu
un chien se jeter sur un chien du même sexe ?!
QUELQUES PRECISIONS
Il ne s’agit pas de fliquer les insultes en faisant la morale,
décrypter les façons dont nous parlons est intéressant
afin de se remettre en question, soi et ses convictions. Ces
insultes reflètent bien quelque part une opinion commune
et acceptée : l’homosexualité, c’est pas bien.
Et c’est là où je veux en venir.
J’en ai marre de tous ces flics de la pensée, des machos
lobotomisés qui ont pour seule ambition d’être
reconnus comme mâle dominant, de cette normalisation
des rapports humains.
Et si les blaireaux d’étudiants qui ont réalisé
l’affiche n’ont sûrement pas fait exprès de donner
à celle-ci une dimension homophobe, ils participent
à cette folie collective. « Ils ne l’ont pas
fait exprès » pourrait-on dire… Mais si ceux-ci
avaient remplacé le chien « sodomisé »
par un chien transformé en « fille » ou
en « noir » comme illustration du malheur, qu’ils
aient ou non fait cela consciemment, tout le monde aurait
été d’accord pour dire que leur subconscient
trahissait un vision sexiste ou racistes des choses.
STEREOTYPE, QUAND TU NOUS
TIENS...
Pourtant, la sexualité est une affaire personnelle
et ne doit pas empiéter sur le domaine public : en
gros, c’est mon cul, j’en fais ce que je veux et j’emmerde
tous ceux que ça dérange. Je ne vois pas en
quoi cela regarde les autres si la personne que j’aime est
du même sexe que moi. Je ne vois pas pourquoi je devrais
être jugé sur ce critère-ci : lorsqu’on
parle de quelqu’un, on entendra souvent : « tu vois
pas qui c’est Jérôme ? Mais si, c’est le brun,
là… le grand… homosexuel ». Belle étiquette
! Mais en revanche, on entendra peu : « tu vois qui
c’est Jérôme ? Mais si, le brun, hétérosexuel,
plutôt grand …» . Alors pourquoi faire une telle
distinction ? En effet, la personne sera jugée différemment
si sa sexualité est « normale » (hétérosexuelle)
; mais si par malheur on apprend que sa sexualité est
« déviante » (homosexuelle), l’individu(e)
sera alors stigmatisé comme « anormal ».
De plus, sous couvert de « démocratie »
et de « droit à la différence »,
vient d’être créée en France la première
chaîne de télé « 100% gay ».
Ca veut dire quoi ?! Que les personnes qui présentent
les émissions de cette chaîne préfèrent
faire l’amour avec des individus du même sexe qu’eux
? Que les sujets abordés seront caricaturalement ceux
intéressant les homosexuels ? Faut pas pousser, il
est évident qu’encore une fois, ce n’est pas pour autre
chose que la thune que cette chaîne a été
créée. Or, les abrutis qui en sont à
l’origine, surfant sur la vague « gay » qui rapporte
un max en ce moment, participent à la création
(ou le renforcement) du véritable « ghetto gay
» qui stigmatise de plus bel les individus suivant leur
sexualité… Cela n’est pas sans me rappeler les «
chaînes réservées aux femmes » :
celles-ci renforcent un stéréotype de «
la femme », qui est censée agir et réagir
d’une manière pré-établie… Ainsi, on
impose des clichés aux téléspectateurs
qu’ils vont reproduire dans leur manière de vivre.
Par exemple, on représente toujours l’homosexuel comme
vivant en couple, avec un individu « qui fait l’homme
» et un autre « faisant la femme », insinuant
au passage que le seul modèle valide en matière
d’amour ou de sexe est un « couple-hétérosexuel-fidèle-bien
dans la norme » : ainsi, si le couple hétérosexuel
est le couple « normal » (un homme/une femme),
tout couple différent serait déviant. En d’autres
termes, tu n’as pas le choix, à moins d’être
« fou ».
Parmi les stéréotypes véhiculés
par ce genre de chaîne, toutes les « catégories
» d’individus sont passés au crible : maintenant,
suivant ta couleur de peau, ton sexe, ta sexualité,
ta couleur ou ta coupe de cheveux… tu es classé, étiqueté.
On te donne une mentalité sur laquelle tu dois te conformer
pour rentrer dans le rôle que tu t’es choisi (comme
un style de fringues) ou que tu as à la naissance.
Si tu es typé, le regard des gens reflètera
la crainte ou la méfiance: donc le comportement attendu
de toi sera de faire peur. Si tu es typé « homosexuel
», le regard des passants sera accompagné d’un
sourire amusé : tu seras censé faire la drag-queen
pour amuser la galerie (comme un clown). La pub et la tv te
donne un rôle et c’est à toi de t’y conformer,
au risque d’être rejeté. La pub fait rêver,
car elle offre la possibilité de s’identifier au héros
de la pub.
D’ailleurs, il semblerait que les jeunes hommes soient réellement
en manque de confiance en eux, si l’on en juge par les nombreuses
affiches de soirées R’n’B ou autres qui ornent les
panneaux du centre-ville : on n’y distingue rien d’autre que
des mecs stéréotypés « baraqués/beau
bronzage/chaîne en or au cou/ganache de killer »
auquel les passants masculins vont s’identifier, ou chercher
à ressembler. En tout cas, ces images véhiculent
un contrôle social très poussé, visant
à une normalisation inconsciente des goûts en
matière de beauté physique.
Bien sûr, les affiches ne montrent rien d’autre qu’un
couple hétérosexuel (« on n’est pas des
tantouzes ! ») avec encore une fois un beau stéréotype
féminin dans les bras du mâle…
Heureusement que nos
chers étudiants sont là pour nous rappeler que
les inégalités « c’est pas bien »,
même si leur message est transmis au travers d’un gros
cliché homophobe/sexiste (c’est pas une inégalité
ça ?!). J’espère que la soirée s’est
bien passée, même si je doute que l’argent soit
arrivé à destination : combien de soirées
de « soutien » ont vu les profits arriver directement
dans la poche de l’organisateur sans passer par la case «
nécessiteux » ? Amusez-vous bien, gentils étudiants
! Au rythme d’une musique aseptisée, sur fond de morale
stupide : « pour améliorer la condition de vie
des enfants maliens, viens faire la fête avec nous !
» (du genre « je-me-donne-bonne-conscience-en-me-torchant-la-gueule
»).
Défoulez-vous, draguez les filles (« elles n’attendent
que ça, les cochonnes ! ») et montrez bien que
vous n’êtes « pas un pédé »
à une assistance torchée, fière d’aider
les maliens à pouvoir manger…
Roulez jeunesse et ne vous posez surtout pas de questions…
Changer tout ça ? Mais pour quoi faire ?! J’ai assez
de fric pour acheter mon shit, et la binouze du samedi soir…
Dormez bien, ce n’est pas le réflexion ni la solidarité
qui vous étoufferont.
Cerf Noir
NOTES:
(1). Par exemple, les bergers peuvent dormir debout, appuyés
sur leur long bâton.