LES
FREE-PARTIES :
UNE AFFAIRE POLITIQUE
Il existe un esprit
free parties : celui du refus de la société de
consommation, qui nous impose jusqu'à nos loisirs et
nous vends des idées toutes faites à coups de
pubs et de slogans. La fête ne dois pas devenir un produit
marchand !
Les free parties sont considérées comme hors la
loi (jusqu'à 1 an de prison et 100 000 frs d'amende pour
un-e simple participant-e) et l'État a engagé
une véritable répression guerrière. Depuis
le 26 avril 2001, les rassemblements tekno alternatifs (non
autorisés) sont sous le coup d'une loi visant à
détruire le mouvement dans son ensemble. Ainsi cette
loi donne-t-elle le droit de saisir le matériel des sound
system pris en flagrant délit de... déranger le/la
bourgeois-e !!!
Sous couvert d'" absence d'autorisation ", de "
non possession de licence permettant la vente de boissons alcoolisées
", de " bruit intempestif nuisible pour le voisinage
", c'est tout un mouvement qui se retrouve accusé
et rejeté un peu plus encore en marge de cette société
capitaliste et dictatoriale.
Nous ne sommes pas des produits de consommation et nous avons
le droit et le pouvoir de conduire nos vies comme nous le voulons,
même si l'État oppressant nous en empêche.
Les free parties et teknivals (festivals techno) ne seront que
ce que nous en ferons !!!
La défonce ne doit pas devenir la raison d'être
de ces fêtes. Il s'agit tout d'abord d'une lutte.
Pour l'État, il vaut mieux avoir en face de soi une bande
de défoncé-e-s, plutôt que des personnes
révoltées et en pleine possession de leurs moyens...
Il s'agit de ne pas jouer le jeu des "autorités"
qui s'accommodent très bien des systèmes de dépendances
liés aux drogues, qu'ils provoquent même parfois
(alcool, ...), tant que cela lui rapporte de l'argent.
Afin de remettre certaines choses à leur place, voici
quelques définitions pour contrer les idées reçues,
celles imposées par les médias et politiciens
de tous bords (vous savez, tous ces gens qui causent bien à
la télé et qui nous disent quoi penser)...
Qu'est-ce qu'une free party
?
Énormément médiatisée ces derniers
mois, la mouvance tekno souffre d'une image ultra-négative,
qui ne prend absolument pas en compte certains principes du
milieu. Il est trop facile pour la population de s'engouffrer
derrière les médias et les politiques dans les
préjugés de base.
Car les personnes impliquées
dans le mouvement ne sont pas "des-jeunes-qui-s'amusent-un-peu-mais-ça-leur-passera"
comme on a pu vouloir le faire croire à un certain moment.
Les politicards eux-mêmes ont bien compris qu'ils avaient
à faire à des revendications qui allaient bien
plus loin que la fête en elle-même. L'État
a réprimé parce qu'il avait peur, parce qu'il
perdait le contrôle, et parce qu'il voulait tuer tout
ce qui lui paraissait subversif, c'est-à-dire de nature
à atteindre à sa sécurité.
Aujourd'hui, il y a de
plus en plus de monde en free party et les infolines(1) circulent
au journal de 20h00 sur TF1... Mais ça ne veut pas dire
qu'il faut perdre le message et les intentions de base. Ce serait
laisser la victoire à l'État et aux médias.
Ils n'ont pas réussi à tuer le mouvement, mais
ils sont en train de le diluer jusqu'à ce qu'il devienne
méconnaissable. Alors pour ne pas pervertir l'esprit
libertaire des free, il faut se radicaliser. Et le rester même
quand la fête est finie...
Une TAZ ...
Une free party est une TAZ, terme anglais pour désigner
une Zone d'Autonomie Temporaire. La logique, c'est de réquisitionner
un lieu et d'en faire un espace affranchi de toutes les lois
en vigueur (autonome), qui durant tout le temps de la fête
pourra vivre selon ses propres principes. A mon sens, cela ne
peut se faire que sur un lieu squatté ou prêté,
mais certainement pas sous autorisation officielle.
No profit...
Une free est une possibilité
de faire la fête tout en refusant la logique des spectacles
marchands et de consommation, liés à tout ce que
la société veut imposer...
C'est la possibilité de s'amuser tout en remettant la
société (de consommation entre autres...) en cause,
sans engraisser des multinationales qui se cachent derrière
tout cela... Mais c'est aussi l'occasion de tester des alternatives
face à cette société.
Tout le monde peut entrer (pas de délit de faciès),
sans avoir à débourser des sommes incroyables...
Mais le principe du no profit c'est aussi ne pas (trop) consommer
dans l'enceinte de ces free parties. Car il faut bien le préciser,
la consommation de drogues, c'est de la consommation, issue
d'un énorme business, et dont il faut aussi tenter de
s'affranchir.
L'autogestion...
Si on va en free, ce
n'est pas pour retrouver tous les travers de la société.
Aller en teuf ou se réclamer du mouvement, ce n'est pas
mettre un treillis et se défoncer la gueule pendant tout
un week end. C'est d'abord un acte politique. Alors pas question
de retrouver business, flics, chefs, stars ou fans...
Beaucoup trop d'individus vont en free party en pensant qu'ils/elles
peuvent y faire ce qu'ils/elles veulent sans se soucier du lieu,
des autres, des sound systems et des conséquences...
Car aller en free ce n'est pas se décharger de toutes
ses responsabilités et se pointer comme un(e) je-m'en-foutiste.
C'est au contraire prendre la responsabilité de participer
à la mise en place d'un mouvement alternatif, d'un système
libertaire autogéré, c'est-à-dire pris
en main par chacun-e des individus présent-e-s.
L'autogestion, c'est une sorte de prise de conscience et de
prise en main individuelle pour pouvoir tenter de s'affranchir
des lois qui régissent le groupe ou la société,
et qui sont en général basées sur de la
domination et de la discrimination.
Respect
Il est important de respecter
les lieux (utiliser des sacs poubelle, ...) et les individus
qui sont là... Il faut arrêter de jouer les assistés
de la vie et croire que c'est le boulot des organisateurs/trices
de nettoyer après ton passage, de gérer seul-e-s
les flics ou les embrouilles...
Le respect passe par le fait de savoir gérer sa défonce
et son comportement, de ne pas bousculer tout le monde... C'est
aussi le fait que les filles puissent se promener seules sans
risquer de se faire embrouiller et sans avoir besoin de garde
du corps (chien ou humain-e)...
Le respect c'est aussi de ne pas aller se coller devant les
enceintes avec un chien en laisse (ils ont les oreilles beaucoup
plus sensibles que nous) ou de bousculer tout le monde pour
se mettre juste devant le son...
Le principe de la donation
Les free ne sont pas
" payantes " au sens du terme puisqu'elles fonctionnent
sur le principe de la " donation ". Ce principe est
celui du "prix libre" ou chaque personne donne en
fonction de ses moyens sans être forcé-e (ce qui
n'est pas toujours le cas) de payer trop cher...
C'est une façon pour les sound system de rentrer dans
leurs frais et de pouvoir payer leur matos et les amendes éventuelles...
Free et teknival VS rave party
Il ne faut pas non plus confondre " free " et "
rave " party...
Une rave est une soirée payante (souvent plus de 15 Euros
- 100 Frs - par personne) alors qu'une free party est une fête
tekno gratuite (ou sur donation - prix libre) et alternative...
Mais une rave, c'est aussi des vigiles à l'entrée
et la reproduction à l'identique d'une boîte de
nuit en plein air (ou dans un hangar) avec le contrôle
au faciès, la fouille à l'entrée, ...
Alors qu'en free party c'est l'autogestion qui prime, cela ne
sert à rien de compter y trouver des G.O. (Gentil-le-s
Organisateurs/trices) prêts à régler vos
problèmes à votre place... Ca veut aussi dire
qu'en free on doit pouvoir s'entraider et compter (au moins
un peu) les un-e-s sur les autres.
De plus les rave parties sont de véritables entreprises
du business avec des flyers (petit tract sur lequel sont écrites
toutes les infos, que se soit pour un concert, un événement…
distribué de main en main) classieux cartonnés
et en couleurs et tout ce qui va avec, alors qu'une free party
est une teuf no profit avec des flyers "DIY"(2) souvent
en papier avec des dessins noirs et blancs: tout le monde n'a
pas des moyens financiers aussi importants que ceux des organisateurs
de raves commerciales…
Enfin, ne nous laissons pas déstabiliser par les attaques
de la société bourgeoise contre les free parties:
c'est Woodstock qui recommence, comme à chaque génération…
Là où il y a subversion, l'Etat entend contrôler;
là où il y a non-profit, les capitalistes luttent
pour récupérer puis vendre… Ne baissons pas les
bras, nos vies nous appartiennent !
Nous ferons la fête sur les ruines de cette société
!!!
H&M
(1). Une "
infoline " est un numéro que l'on appelle pour connaître
le lieu et l'heure de la free party. Un code à taper
est indiqué sur le flyer (tract de la teuf), donnant
accès à la boîte vocale détentrice
de toutes les infos nécessaires. Ce procédé
permet de retarder au maximum l'arrivée de la police
sur les lieux puisque les éventuels flics connaissant
le code sont à égalité avec tout le monde
concernant l'information !
(2). " Do It Yourself ", qui veut dire " Fais
le toi-même " en français. Pratique qui va
de paire avec l'autogestion.