LIBERTE D'EXPRESSION,
AUTOGESTION ET FREE PARTIES
La techno, dans son ensemble de
courants aussi divers que riches en formes et rythmes (pour
les plus connus : trance, hardcore, jungle, hard tekno voire
house), est la seule musique à ma connaissance qui me
fasse me sentir libre.
En effet, cette suite logique de sons, rythmes et harmonies
offrant une infini possibilité de mix, place le DJ (ou
le compositeur devant son ordinateur) tel un faiseur de lien
sonore et surtout social : les ondes sonores se propagent d'oreilles
en oreilles sans considération de différences
humaines, sinon celles de la perception.
Le contraste est saisissant entre ces espaces de liberté
et de créativité clandestinisés par les
pouvoirs publics, pâle gérontocratie inquiète
face aux manifestations contestataires représentée
par ces free parties ; modèles de circuit alternatif
à celui du loisir calqué sur des objectifs de
rentabilité économique, ils ne peuvent que susciter
peur et méfiance de la part des gouvernants.
Cependant, la free party elle aussi subit les ravages de notre
société capitaliste, entraînant avec elle
les businessman (1) dans les " teufs " où ils
sont les seuls à faire circuler la monnaie et à
générer du profit sur le dos des plus faibles.
Mais il faut garder à l'esprit que leurs victimes sont
minoritaires, quoique déjà inquiétantes
par leur existence même. Or, on sait que les accros aux
drogues les plus fortes ne sont pas tous-tes issu-e-s, loin
de là, des free parties. En effet, 80% des drogues sont
consommés hors de ces espaces tant décriés
par la désinformation organisée par les pouvoirs
publics.
D'ailleurs, grâce à celle-ci, nos députés
de gauche de la dernière Assemblée ont trouvé
un terrain d'entente avec ceux de droite pour voter à
l'insu du peuple une des lois sécuritaires les plus attentatoires
aux libertés individuelles qu'un gouvernement ait jamais
fait passer. Cette loi, votée fin Octobre dernier, comporte
plusieurs volets touchants autant à la prévention
du terrorisme que les rassemblements de plus de 10 personnes
dans les cages d'escaliers.
L'interdiction est le principe de cette loi, accordant les pleins
pouvoirs à la police et gendarmerie quant à la
perquisition à domicile, possible à tout moment
et sans mandat préalable, le contrôle des identités
et surtout un assortiment de mesures coercitives rendues légales
face aux teufeurs, dont une autorisation préalable à
toute manifestation musicale de plus de 50 personnes (ceci vise
donc tout concert, représentation, bal, fête, soirée
privée… !!!)
à demander à la préfecture. Celle-ci est
attribuée en fonction de plusieurs critères, aussi
difficiles et onéreux voire liberticide à mettre
en œuvre :
· Un service de sécurité à faire
agréer par une Commission (coût : environ 500 frs).
· Une installation satisfaisant un niveau d'hygiène
défini par le même mécanisme (intervention
d'un contrôleur indépendant).
· L'accord du propriétaire des lieux.
· Une autorisation limitée dans le temps.
Ensuite, en cas de fête
illégale, les policiers ou gendarmes se voient attribués
plusieurs moyens de répression :
· Contrôle des identités des organisateurs
et teufeurs, voire garde à vue si nécessaire.
· Saisie du matériel sonore (même s'il est
loué) et confiscation pendant 6 mois (le temps que le
tribunal statue sur l'infraction).
Sans compter que les organisateurs peuvent ensuite se faire
condamner pour infraction à la législation sur
les débits de boisson, tapage nocturne, non-déclaration
à la SACEM des disques passés…
Toutes ces mesures sont dictées par un principe d'étouffement
du mouvement, tout comme se fût le cas pour le rock dans
les années 60/70 (souvenons-nous de Woodstock…).
Le ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant du gouvernement
Jospin avait d'ailleurs entériné l'amendement
Mariani en y ajoutant des mesures supplémentaires de
restriction.
Hélas, la loi est passée comme une lettre à
la Poste, votée dans l'indifférence générale,
et dont aucun commentateur (ou si peu) n'a relevé le
côté attentatoire au droit le plus fondamental
de l'homme : la liberté d'expression.
Mais d'autres enjeux font du combat des teufeurs pour l'existence
des free parties l'une des dernières arcades du combat
contre le désert culturel imposé par les grosses
Majors de l'industrie du disque.
Arnaque Academy ou Free
Party, je vous laisse choisir…
Bibifuck
(1). Le problème avec la
drogue n'est pas la consommation qui concerne tout un chacun,
mais le véritable " business " meurtrier qui
se fait autour.