L'extinction
des peuples indigènes...
c'est la volonté du Capital!
Les peuples indigènes
subissent depuis des siècles une infinité de situations
adverses. Les différents gouvernements, qu'ils aient été
coloniaux ou mexicains, se sont acharnés à leur
arracher leurs terres, leurs cultures et même leurs vies…
Déjà à l'époque des conquistadores,
on peut remarquer l'extrême cruauté de la répression
menée contre les peuples indigènes - par exemple
dans plusieurs régions, ils souffrirent dans leurs chairs
I"'aperreamiento" (c'est à dire être dévorer
vivant par les chiens).
II y eut aussi beaucoup de batailles de résistance et nombreux
furent blessés ou morts. Plusieurs peuples furent totalement
dévastés, d'autres disparurent petit à petit.
Chaque année encore on annonce qu'un peuple vient de disparaître
: ainsi chez les Kiliwacs de Basse?Californie, il ne reste plus
que quelques personnes âgées sans aucune possibilité
de transmettre leurs coutumes, mais seulement l'expérience
de l'extinction et l'impuissance de se savoir un peuple du passé.
Aujourd'hui, on se doit de faire la part des choses et de remarquer
que ce nettoyage ethnique ne fut pas réalisé par
la peur de la différence ni par la folie de certains conquistadores
mais par l'ambition de la grande Europe d'étendre son pouvoir
en créant des mines, des plantations et d'utiliser ces
peuples pour s'enrichir en les asservissant.
D'ailleurs cette situation continue toujours, pas seulement aux
Chiapas, mais partout où explorateurs, religieux, banquiers,
esclavagistes et entrepreneurs ont débarqué.
Pour la petite histoire, après la main?mise de l'Espagne,
ce fut le tour des États?Unis, qui, pour dominer les peuples
latino?américains y financèrent des dictatures nationales
(Pinochet au Chili, …). En échange, celles-ci leur ont
permis d'exploiter à fond les richesses des pays.
Pour donner aux peuples américains l'illusion d'une démocratie,
on joua aux élections.
Aujourd'hui au Mexique, se trouve un pouvoir extrêmement
fragile, dominé par la corruption soutenue depuis les États?Unis
et qui n'a, comme seule possibilité de survie, que la répression
de tout et de tous ceux qui représentent de part leur culture
et leur lutte une société plus juste.
Ainsi, 450 ans après le début de la chasse économique
et écologique - c'est à dire la chasse ethnique
- le gouvernement mexicain (dans son illusion démocratique)
instaura I"'indigénisme" comme politique d'état
et l'INI devint institution publique qui devait rendre réelle
l'utopie libérale de l'égalité grisâtre
et homogénéisante. Son objectif est de transformer
les indigènes en Mexicains : leurs cultures, leurs langues,
leur misère ne seraient qu'un reflet du sous-développement
qui doit être éliminé pour que les indigènes
se trouvent au même niveau que les autres Mexicains.
En cette fin du 20ème siècle, 50 ans d'indigénisme
n'ont heureusement pas suffi pour en finir avec les cultures indigènes.
Se soulevant de parmi les cendres, se soulevant d'entre ses morts,
les troncs décharnés nous montrent au grand jour
les espoirs noyés d'une vie digne.
Mais comment est?il possible qu'ils continuent obstinément
à survivre après une persécution systématique,
l'achat de leurs dirigeants, la faim et l'abandon institutionnalisés
?
Les indigènes voient ce conflit comme une opposition sans
merci entre deux modes de vie: d'une part le chemin de l'expansion
capitaliste qui a bâti ces fondations en écrasant
et réprimant toute expression sociale ou production différente
de la sienne par l'esclavage, le salariat, l'exploitation et d'autre
part un peuple indigène avec son sentiment de solidarité
collective qui se refuse à mourir.
Dans la culture occidentale, tout ce qui se trouve sur terre est
fait pour servir l'homme et surtout l'homme puissant, ce sentiment
s'oppose directement au mode de vie indigène où
l'homme a le devoir de maintenir un équilibre dans le cosmos.
De là surgit une lutte entre un pouvoir basé sur
la force face à un mouvement populaire basé sur
la résistance des valeurs et principes culturels indigènes
et qui tente de se défendre contre l'extermination qui
utilise la faim, le travail pénible et l'isolement culturel.
Il y a dans cette lutte évidemment une conscience de classe
mais il y a aussi ancrée dans la culture et la lutte continuelle
des indigènes la conscience du collectif, du bénéfice
commun de l'homme et la nature, où seul le peuple est l'auteur
des avancées et progrès réalisés sans
avoir besoin de prestige ni de grandes théories ou de grands
philosophes.
Aujourd'hui, avec la puissance du soulèvement aux Chiapas,
cet esprit collectif se renforce.
Des centaines d'indigènes Choles, Tzotziles, Tzaeltales,
se battent pour représenter les aspirations et les demandes
de millions de Mexicains, indigènes et métis. Ce
que les indigènes demandent, c'est l'autonomie.
En fait, l'autonomie a acquis un nouveau sens dans la lutte des
Zapatistes: le mouvement indigène s'étend au?delà
des frontières car l'autonomie n'est pas une exigence locale
mais la conception du droit à développer et à
générer des communautés ayant des capacités
propres et des perspectives dirigées vers la consigne zapatiste
liée à la culture indigène du "tout
pour tous et rien pour chacun".
Cette consigne, en plein essor du capitalisme sauvage, peut sembler
bien candide et même faire sourire mais elle a sans doute
commencé à fissurer tout le système individualiste
et de compétition que provoque le libre?marché.
Cette consigne rompt avec le traditionnel bla?bla du système
politique mexicain basé sur l'écrasement des gens
et des masses, utilisés comme des escaliers pour monter
à n'importe quel prix.
En fait l'autonomie telle qu'elle est conçue par les indigènes
est orientée vers la transformation de la vie et du travail
aux Chiapas, au Mexique et à l'échelle mondiale.
On le redit même si on le sait déjà: le système
capitaliste ne signera pas son arrêt de mort et encore moins
ne soumettra l'État mexicain au désir des peuples
organisés.
C'est pour tout cela que cette lutte nous concerne tous, c'est
pour cela qu'il faut refuser l'entrée de l'armée
mexicaine aux Chiapas mais aussi se battre pour qu'il continue
à exister partout des gens qui s'autogèrent.
AUTOGESTION !
Petit commentaire sur un article de la
revue mexicaine " la guillotine ".
Paru dans le
numero 14 du journal des JL "Il
était une fois la révolution, con!"
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