Collection Arguments @narchistes
L’ANARCHIE:
UTOPIE OU NECESSITE ?
"Il est inévitable, il est même juste,
que nos plus hautes intuitions apparaissent comme des folies,
sinon comme des crimes, lorsqu'elles arrivent indûment
aux oreilles de ceux qui ne sont ni faits pour elles ni prédestinés
à les entendre "
(Fried N., 38 ans, chômeur)
« C’est
utopique… ». Combien de fois ces mots reviennent-ils
lors des différentes discussions que l’on peut tenir
à propos d’un changement d’organisation sociale ? On
taxe souvent l’anarchisme d’être une utopie et donc les
anarchistes de « doux rêveurs qui n’ont pas les
pieds sur Terre ».
Déjà,
qu’est-ce que c’est une « utopie » ?
Dans le sens encyclopédique du terme, « utopie
» désigne un mode d’organisation sociale où
tout fonctionne parfaitement avec précision et où
la place sociale de chaque individu est déterminée
en fonction de sa naissance ; l’expression vient du roman de
Thomas Moore « L’Utopie » (1516), la république
de Platon en est un exemple… Évidement, les anarchistes
sont contre ces systèmes totalitaires, donc contre les
utopies…
« Utopie » vient du grec « a-topos »
(« un lieu qui n’existe pas ») ; autrement dit,
c’est une situation, une organisation sociale ou encore des
faits qui ne se sont jamais réalisés,
qui ne se réalisent pas et qui ne pourront en AUCUN CAS
se réaliser un jour ou l’autre, quoiqu’il advienne.
A partir de là,
deux questions me viennent naturellement à l’esprit :
1) : L’anarchisme
est-il une utopie ? (partie I)
2) : Vivre
véritablement mieux dans ce système autoritaire
et capitaliste: n’est-ce pas de l’UTOPIE ??! (partie II)
1). L’anarchisme est-il une utopie
?
L’anarchisme, c’est l’«
absence de pouvoir » (du grec « an-archos
»), à ne pas confondre comme beaucoup
le font avec « anomie » qui signifie une «
absence d’organisation ».
L’anarchisme, c’est
donc l’impossibilité pour quiconque de décider
au nom d’un autre, avec ou sans son consentement. C’est pour
cela que nous préconisons une organisation sociale différente,
basée sur l’autogestion et la démocratie directe,
sur l’entraide et la solidarité, sur l’accès à
toutes et à tous à la gestion de leur quotidien
par et pour eux-même;
c’est enfin une société débarrassée
du capitalisme, de l’exploitation sociale et économique
où la logique n’est plus « sois le meilleur et
bouffe les autres », voire « obéis et ferme-là
» mais « égalité pour tous »,
« à chacun selon ses besoins, de chacun selon ses
possibilités » (pour le travail) et « ni
dominant, ni dominé ».
On a d’ailleurs tendance
à associer l’anarchisme à un « état
de trouble, de désordre dû à l’absence d’autorité
politique » (qui ne connaît pas la fameuse définition
des plus objectives tirée du dico, largement relayée
de manière complaisante par les média ? Car il
est clair que l’intérêt du pouvoir est de nous
persuader que sans gouvernement, il ne peut y avoir d’ordre…).
Or, il est un point qui est volontairement passé sous
silence, c’est que l’anarchie est un projet de société
: en effet, l’absence de dirigeants qui font
ce qu’ils veulent quand il veulent (1),
de patrons tout-puissants qui gèrent « leur »
entreprise pour leur profit personnel, d’armées qui soit-disant
nous protègent des « autres armées de barbares
» (2), de privilégiés
ou de dominants qui dictent aux autres quoi faire, etc…constitue
la première partie de nos positions.
Le rejet et
la critique, ce n’est intéressant
que si c’est suivi de propositions :
Nous préconisons
la gestion de la vie quotidienne « à la base »,
c’est à dire « d’en bas », d’où le
terme d’autogestion. La démocratie
directe est un système politique qui permet
l’autogestion (du lycée, du quartier, des moyens de production…).
Nous sommes donc partisans d’une organisation sociale fondée
des principes de démocratie véritable, d’égalité
sociale, politique et économique et de solidarité.
L’égalité sociale est l’abolition du système
de dominant/dominé pour une égale considération
de tous sans rapports hiérarchiques, l’égalité
politique est la faculté pour chacun/une de participer
à la gestion quotidienne de la vie collective et l’égalité
économique une égale redistribution des richesses
entre tous et toutes. Les trois sont interdépendantes
et indispensables pour éviter d’aboutir à un simulacre
de démocratie directe, pour des raisons que nous évoquerons
plus bas…
Le principe de la démocratie directe, que nous estimons
être une des solutions viables, est plutôt
simple à assimiler et à mettre en pratique, contrairement
à ce que l’on CHERCHE à nous faire croire… En
effet, par le biais de mandatés élus pour accomplir
une tâche (définie à l’avance par l’Assemblée
Générale) et révocables à tout moment
(si celui-ci venait à ne pas respecter ce qui a été
décidé collectivement), la parole, la discussion,
le débat sont détenus par toutes et tous, chacun
contrôle sa propre vie. C’est de cette manière
qu’il est illusoire de penser la démocratie directe sans
égalité: imaginons un système de type «
participatif » genre « Motivé-e-s »;
si un groupe d’individus gère la politique, il est évident
que certains seront exclus indirectement de la prise de décision,
car il perdurera une inégalité économique
influant sur la vie des individus ( par exemple, un pauvre aura
moins le temps de se consacrer à la gestion de la vie
quotidienne puisqu’il essaiera d’abord de se remplir le ventre,
alors que le riche pourra être présent à
toutes les assemblées décisionnelles …). Nous
l’affirmons à nouveau: il est possible de changer les
choses, de changer les rapports économiques, sociaux
et politiques entre les individus.
En Argentine (Décembre
2001 et jusqu’à ce jour) la population s’est soulevée
contre la dictature du FMI sur leur vie: l’austérité
salariale réclamée par cet organisme rend en effet
la survie de ces pauvres gens tout à fait insoutenable,
si bien que spontanément et sans leader ni chef, ni parti
d’« avant-garde », ils
réalisèrent ce que certains qualifient d’«
utopie » :
« A Buenos Aires,
les habitants s’organisent en « assemblées de quartier
».
« […] Tous les soirs, dans la chaleur orageuse de l’été
austral, ils sont des centaines à se réunir dans
différents quartiers de Buenos Aires pour participer
à des assemblées populaires nées dans la
foulée des « cacerolazos » (concerts de casseroles)
qui ont précipité, fin décembre 2001, la
démission de l’ex-président Fernando de la Rua
et de son ministre de l’économie, Domingo Cavallo.
« Ils se retrouvent sur les places publiques, qui prennent
des airs de kermesse joviale malgré la gravité
de la crise sociale sans précédent qui secoue
le pays. « Qu’ils s’en aillent, tous ! »
: ce slogan, qui vise aussi bien les politiciens, les juges,
les banquiers ou les syndicalistes argentins, mais aussi le
FMI et les groupes étrangers qui contrôlent les
services publics, est le leitmotiv de toutes ces assemblées,
des faubourgs les plus pauvres de la Boca ou de San Telmo, au
Sud, jusqu’aux quartiers plus élégants de Colegiales
ou de Belgrano, au Nord. Tous les dimanches, les différentes
délégations de quartier tiennent leurs états
généraux dans l’immense parc Centenario, où
les orateurs se succèdent pour informer du travail dans
chaque quartier et proposer de nouvelles consignes de lutte.
[…]
« Bannis de ces assemblées et ne pouvant plus sortir
dans les rues sans risque d’être injuriés ou agressés,
les hommes politiques argentais regardent désormais,
au journal télévisé, ces citoyens, respectables
femmes au foyers et quinquagénaires en colère
qui, il y a encore quelques mois, savouraient paisiblement les
reality shows sur le petit écran de leur salon (ndla
Ca doit leur foutre les boules que la population de lobotomisés
ait pris en mains son destin en lâchant cet instrument
de contrôle social qu’est la TV). Toutes les décisions
se prennent par un vote à main levée ; aucun orateur
ne peut parler au nom d’un parti politique ; les postes de délégué
sont rotatifs et l’information circule par Internet – avec une
quinzaine de sites, des radios ou des petits journaux de quartier.
« Les nerfs à vif, exténuée et désabusée,
la classe moyenne retrouve un peu d’espoir à travers
la solidarité. […] « Au moins, ici, sur la
place, je me sens moins seul ; je parle avec des voisins que
je ne connaissais même pas auparavant et on essaie de
s’entraider », assure Pedro. […] Ici, la plus grande
peur est d’être manipulé ou infiltré par
des partis politiques ou des services de police. A bonne distance,
des partis de gauche ont installé des stands. «
Les cacerolazos nous appartiennent ; ils n’appartiennent
pas aux militants politiques qui nous regardent avec mépris
et cherchent à nous imposer une expérience dont
nous n’avons pas besoin », s’exclame Mario, un retraité
des chemins de fer qui n’a pas touché sa retraite de
250 pesos depuis trois mois.
« Personne ne sait sur quoi peut déboucher cette
forme inédite de mobilisation populaire. Mais elle fait
désormais partie de la vie quotidienne de la clase moyenne
argentine… » (3)
A ce résumé de la situation en Argentine, qui
prouve que la démocratie directe – vecteur de l’autogestion
– est viable, nous allons dire 2 mots sur celle de l’Algérie,
notamment de la Kabylie. Voulant vous épargner un long
et fastidieux exposé sur le contexte et tout le tralala
(d’autant plus qu’il est impossible d’être formel sur
la situation exacte à moins d’être là-bas
), j’ai décidé de ne recopier que le « Code
d’honneur des délégués » des assemblées
populaires souveraines nommées « Aarchs »,
car celui-ci annonce la couleur d’emblée sur le type
de fonctionnement de ces assemblées de villages (à
savoir la démocratie directe !) :
« Les délégués du mouvement
s’engagent à :
1). Respecter les termes
énoncés dans le chapitre des principes directeurs
des coordinations des Aarchs, Daïras et Communes.
2). Honorer le sang des
martyrs en continuant le combat jusqu’à la satisfaction
des revendications et à ne pas exploiter leur mémoire
à des fins lucratives.
3). Respecter l’esprit
résolument pacifique du mouvement.
4). Ne mener aucune
activité et action qui visent à nouer des liens
directs ou indirects avec le pouvoir.
5). Ne pas utiliser
le mouvement à des fins partisanes et ne pas l’entraîner
dans des compétitions électoralistes ou dans des
options de prise de pouvoir.
6). Ne pas accepter
de poste politique quelconque dans les institutions du pouvoir.
7). Faire preuve de civisme
et de respect vis-à-vis de leurs pairs.
8). Ne pas donner au mouvement une dimension régionaliste
sous quelque forme que se soit.
9). Ne pas se substituer
à la structure appropriée en matière de
communication.
10). Manifester leur
solidarité agissante vis-à-vis de tout
délégué qui subirait des conséquences
fâcheuses suite à son activité dans le mouvement.
»
Nous ne sommes
pas des utopistes, de nombreuses expériences dans le
temps et dans le monde sont là pour le prouver.
Un changement de société n’est pas invraisemblable,
quoique puissent en penser les blasés et résignés
du genre « on n’y arrivera jamais » : en 1780, vous
n’auriez pas trouvé une personne hormis quelques «
illuminés utopistes » pensant que vivre sans roi
était possible. Les temps changent, les idées
aussi. Non, nous ne sommes pas arrivés à la fin
de l’histoire comme certains semblent le penser ; jamais
nous n’aurons atteint un seuil où rien ne pourra plus
évoluer. Si l’objectif d’il y a 3 siècles était
de supprimer la monarchie et l’arbitraire (ce qui semblait déjà
un énorme pas en avant !), celui de nos jours est de
vivre en solidarité sans « têtes-pensantes
» qui auraient pour fonction de nous dire quoi faire et
pas faire sans que l’on n’ait notre mot à dire. Et une
fois cet objectif atteint, il faudra encore et encore chercher
à améliorer, à modifier, à perfectionner…
jusqu’à ce que l’humanité s’éteigne d’elle-même…
Le monde n’est
que ce que les gens veulent qu’il soit !
En revanche, je ne saurai
vous conseiller autre chose de plus important que de tirer des
leçons de l’histoire. C’est pour cela que je pose cette
deuxième question :
2).Vivre véritablement mieux
dans ce système autoritaire et capitaliste: n’est-ce
pas de l’UTOPIE ??!
Que ce soit en l’« aménageant », en le «
restructurant », en le « réformant »,
en le « marxisant », en le « Tobbinisant »,
ou en créant de pseudos « contre-pouvoirs »,
« démocratie participative », et autres «
contrôle citoyen », l’arnaque est la même…
·
La démocratie représentative,
système dans lequel on vit et basé sur
la délégation de notre pouvoir, de notre «
voix » à tous les échelons de notre vie
: élections représentatives de tous types comme
les présidentielles, législatives, prud’hommales,
« délégués » d’entreprises….
Celle-ci a fait ses preuves et a donné tout ce qu’elle
pouvait offrir de bon : RIEN !
Nous n’avons pas le moindre mot à dire sur l’organisation
du système dans lequel on vit : c’est pourtant le MINIMUM,
car c’est justement nous qui y vivons, car c’est justement de
nos vies qu’il s’agit ! Que l’on aille ou pas voter, le résultat
est identique puisque l’on ne gère rien de notre vie
quotidienne : la différence est que lorsqu’on va voter,
on en a l’impression…
Depuis des siècles,
nous refaisons sans cesse les
mêmes erreurs, à savoir déléguer
sans contrôle et sur un plateau d’argent les clefs du
pouvoir et de la décision sur nos vies à quelques
élites, « professionnels de la politique ».
A chaque élection, le discours et les espérances
sont les mêmes : « Ca va changer
». Et quand bien même nous serions blasés
et dégoûtés, cela donnera à propos
du nouveau candidat jeune et « branché-in the-mouv’
» (4) : «
Cette fois, c’est le bon ». (5)
Depuis plus de 50 ans pour la France, c’est nous qui choisissons
nos gouvernants. Depuis 50 ans, nous espérons qu’enfin
LE leader, LE chef idéal arrive au pouvoir avec son équipe
honnête et travailleuse, élimine la corruption,
prenne en compte les intérêts des travailleurs,
des individus quelqu’ils soient, bref, de tous les « gouvernés
», de tous ceux qu’il est censé représenter.
Bien que cette situation ne me satisfasse pas plus que ça
(ma situation sociale et économique resterait la même…),
celle-ci est IMPOSSSIBLE, et ceci pour 3 raisons :
* Pour emprunter les
mots de Rousseau : « le souverain peut bien dire «
je veux actuellement ce que veux tel homme », mais il
ne peut pas dire « ce que voudra cet homme demain, je
le voudrai encore » puisqu’il est absurde que la liberté
se donne des chaînes pour l’avenir ». Quand bien
même qu’un super-dirigeant-honnête-cool-sympa-pas
menteur-hyper balèze (6)
arrive un jour au pouvoir et qu’il réponde réellement
aux besoins de la majorité des personnes, là encore,
ce que voudront les individus plus tard, nul ne peut le deviner
: donner sa « voix », déléguer son
pouvoir à quelqu’un – autre que pour une situation précise
et donnée – revient à offrir un chèque
en blanc et cela chaque jour pendant 5 ans à une bande
d’escrocs qui n’ont PAS de comptes à rendre !
* Il est un « axiome » facilement vérifiable
dans la vie quotidienne qu’il devient urgent d’assimiler. Cet
axiome est une base qui peut s’utiliser dans tous les
cas de figure. Vérifiez-le d’ailleurs par vous-mêmes
:
le pouvoir pourrit
Il n’y a personne, aussi sincère et motivée qu’elle
ait pu être au début, qui n’abuse à terme
du pouvoir que l’on lui donne. Cela est encore plus juste lorsqu’aucun
contrôle n’est exercé sur cette personne de manière
à ce qu’elle rende des comptes aux « dominés
». Là encore, j’emprunte les mots d’un autre :
« Prenez le révolutionnaire le plus radical
et placez-le sur le trône de toutes les Russies ou conférez-lui
un pouvoir dictatorial […] et avant un an, il sera devenu pire
que le tsar lui-même ! » (7).
Pourquoi sans
cesse refaire les mêmes erreurs tout au long de l’histoire
? Depuis que l’homme est homme, on assiste au même
phénomène chez ceux qui reçoivent (avec
notre assentiment !) notre souveraineté et la clé
de la décision sur nos vies.
Comment ne pas
remarquer au quotidien que le pouvoir modifie les rapports entre
les individus, qu’il change la vision des choses des «
nouveaux chefs » ?
C’est pour cette raison
que nous n’avons jamais donné de crédit – et cela
n’est pas près de changer ! – à une éventuelle
« dictature du prolétariat ».
Beaucoup de soi-disant révolutionnaires pensent
cette période « transitoire » comme obligatoire
pour arriver (un jour?) à la société
future: durant cette période, des ex-prolétaires/exploités/dominés
(même si historiquement, les prolétaires ont rarement
dirigé la « dictature du prolétariat »),
« sachant » ce que veut le peuple, prendraient les
reines de la nation et la guiderait soi-disant vers
un monde égalitaire et non-autoritaire.
Pourquoi
cela ne s’est-il jamais réalisé dans les pays
marxistes ?
Le pouvoir pourrit
ceux qui s’en servent : mettez un ouvrier dans un beau
fauteuil et devant un joli bureau de dirigeant, donnez-lui des
privilèges, des droits sur d’autres ouvriers et, aussi
sincère et motivé qu’il puisse avoir été
au début, cet ex-ouvrier se révèlera être
à terme le plus abominable patron qui soit. Ceci
n’est pas supposition mais constatation.
Cessons de rêver,
il n’est pas de sauveur suprême (8)
: Ni Dieu, ni Marx, ni Trotsky (ni aucun chef) !
* Pourquoi, au nom de
quoi devrions-nous remettre à d’autres le pouvoir de
nous diriger, de choisir pour nous et de les laisser gentiment
nous faire remarquer à coup de matraques et de Poivre
de Cayenne que nous ne sommes pas dans la voie qu’ils ont tracé
pour nous ?
Qui sont ces
dirigeants pour qu’on leur confie tout cela ?!
Sont-ils des êtres
supérieurs qui auraient la science infuse ou bien des
connaissances mille fois plus étendues que les autres;
; sont-ils des hommes/femmes doué-e-s de pouvoirs surnaturels
ou assimilés ?!
Et quand bien même ce serait le cas, pourquoi auraient-ils
le droit de diriger notre vie pour nous ?
Si des extra-terrestres
supra-« intelligents » et ultra-développés
débarquaient sur la Terre et nous disaient tout naturellement
: « Salut les gars : on est plus balèzes que
vous, donc vous nous obéirez quoiqu’il arrive (notez
qu’en plus on est sympa car vous pourrez choisir tous les 5
ans parmi les nôtres le chef que vous voulez !) »,
et bien c’est tout aussi naturellement qu’on les enverrai se
faire foutre en les invitant à retourner sur Mars pour
aller voir si on y est !
Alors… des escrocs de
la pire espèce, des menteurs, des truands, des salauds
pourris jusqu’à la moelle, des assassins ( par hommes
de main interposés : le sang, c’est dégueu sur
les mains… ), des marchands d’armes, des flics, des détourneurs
de fonds, des ordures démagos indignes de toute confiance,
des patrons, des lâches qui ne meurent jamais des guerres
qu’ils déclenchent, des barbares qui expulsent des familles
entières et les jettent à la rue sans ressources,
des contaminateurs de sang… auraient-ils une bonne raison de
nous commander ? Ces politiciens sont peut-être les
pires de nous tous !! Quel crédit accorder alors
à leurs ordres ? Car je le répète, seraient-ils
parfaits et surdoués, je ne leur confierai en aucun cas
le contrôle de ma vie… alors à
des politiciens…
· Le capitalisme
nous a montré depuis ses origines jusqu’à
nos jours ce qu’il avait dans le ventre : la mort, l’exploitation
et le vol de nos vies, la destruction de l’environnement, le
mensonge…
Ces affirmations ne sont
pas gratuites, elles se vérifient au
quotidien, dans l’actualité, dans l’analyse de sa vie
et de ses actes.
Alors à tous ceux
qui critiquent la doctrine anarchiste en la taxant d’utopie,
évitez de jouer l’« avocat du diable » :
par pitié, ne me faîtes pas l’affront d’oser parler
après de « réforme » du capitalisme,
voire de « capitalisme à visage humain »
comme le prétendent Attac et compagnie! Quelle belle
utopie que de croire en une réforme « humaine »
de la mort, de l’exploitation, du vol, de la destruction de
l’environnement et du mensonge aliénant ! (9)
Quels sont donc ces utopistes fiers de leur bêtise, bourgeois
bien au chaud et « rebelles » de salon ? A un p’tit
indonésien de 8 ans, exerçant un travail à
la chaîne tellement abrutissant et humiliant dans des
conditions intolérables et payé des miettes, comment
peut-on avoir le culot de dire : « Tu es exploité
et nous voulons adoucir ta souffrance : nous nous proposons
de taxer les gros investisseurs et de reverser cet argent aux
victimes du capitalisme. Ainsi, ton salaire d’esclave passera
de 15 centimes/ jour à 47 centimes/jours…».
Le problème avec le réformisme (c’est à
dire « partisan de réformes »: garder
la base, le fond du système et changer
juste des points de détails dans la forme; en
opposition au mot « révolutionnaire », qui
est une transformation radicale, s’attachant à changer
la base elle-même du système ) est qu’il
ne vise nullement à remettre en cause le fond de l’exploitation,
de l’aliénation, de la domination, des horreurs engendrées
par le capitalisme…
Son seul but est d’essayer de rendre vivable
un monde crée par la souffrance (esclaves,
« prolétariat » depuis le début du
19ème siècle, etc…), qui se nourrit de
la souffrance pour exister (pour survivre, les profits
sont indispensables d’où d’innombrables dérives
flirtant avec l’impensable) et qui ne doit sa domination
et son omnipuissance que grâce à des pratiques
meurtrières répandant la souffrance…
Beau délire utopique
que de croire arriver un jour à changer la forme sans
changer le fond, puisque les deux sont étroitement liés
!
Où est le problème
? Réside-t-il uniquement dans le salaire misérable
reçu par l’enfant, le vieillard, le travailleur exploité
? Réside-t-il alors seulement dans les conditions de
travail seulement ? Dans les brimades quotidiennes reçues
du maton, du patron, du p’tit chef local ?
Non, non, non et non
! Le problème, inhérent au capitalisme est celui
du travail salarié : il réside
dans la vie de perpétuel inférieur de la masse,
en opposition avec celle d’une minorité de dominants
riches et influents ! Toutes ces choses sont liées :
le salaire est le plus faible possible pour assurer une optimisation
des bénéfices ; les conditions de travail sont
intolérables car le but est de produire le plus vite
possible; les conditions d’hygiène et de sécurité
ne sont pas respectées car l’idée est de produire
à moindre coût ; les brimades, la pression, le
contrôle social pesant et le harcèlement moral
ne sont autres que les outils du capitalisme pour produire toujours
plus, toujours plus vite.
Tous ces problèmes n’en forment qu’un,
celui qui les engendre par sa seule existence :
le capitalisme.
Tous ces problèmes n’ont donc qu’une solution :
la destruction du capitalisme.
Modifiez un aspect de la forme - le salaire par exemple - en
ne touchant pas au fond – le capitalisme – et le résultat
sera le même : les firmes produiront plus vite, feront
encore plus d’impasses sur l’hygiène, la sécurité,
boosteront leurs employé-e-s en les harcelant moralement…
tout cela car si une entreprise ne fait pas de profit en système
capitaliste, son sort est jeté : elle crève.
C’est donc dans la nature même du capitalisme d’engendrer
de telles choses. Une réforme est impossible.
C’est même de l’utopie…
Les travailleurs du Tiers-Monde
vivent dans une misère noire, ceux de l’Occident dans
une misère un peu moins noire (disons grise) ?! Le but
du jeu n’est pas de rétablir dans le monde le niveau
d’exploitation au même niveau pour empêcher la concurrence
des pays où la main-d’œuvre est moins élevée,
par souci d’équité ou par moralisme chrétien
se donnant bonne conscience !
Ce qu’il faut, c’est
une planète où les individus gèrent eux-mêmes
la production et se débarrassent de toute l’aliénation
assimilée au travail. Par essence même, le capitalisme
fait des ravages et ce n’est pas en dédommageant
financièrement quelques pèlerins de leur vie gâchée
d’esclave que les choses vont aller mieux !
Le rôle d’Attac
et co devient tout de suite plus clair : en aidant le capitalisme
à essayer de résoudre certaines de ses contradictions,
ils le fortifient pour qu’il se perpétue ! Son rôle
est alors bien celui d’une avant-garde du capitalisme!
Qu’est-ce donc que cette
« Attac » de « rebelles » embourgeoisés,
économistes à la solde du capital, formant le
dernier rempart maintenant le capitalisme; qu’est-ce donc que
ces utopistes qui légitiment le capitalisme et tout ce
qui l’accompagne en proposant de taxer de 0, 1 % des pourritures
? Car ce fric, c’est sur notre malheur qu’il a pris forme.
« L’argent ne fait
pas le bonheur, mais le malheur fait l’argent » comme
dirait l’autre.
De plus, la théorie de la taxe Tobin ne précise
absolument pas COMMENT cet argent serait reversé aux
« victimes du capitalisme » (c’est à dire
95% de la population) : quand on sait que moins de 1% de «
l’aide au développement » fourni par la France
arrive à destination, on peut se demander qui est utopiste
! Quand on voit que l’argent « en soutien aux sinistrés
d’AZF » n’est jamais arrivé, on peut se demander
comment des milliards et des milliards seraient redistribués
à toutes les victimes du capitalisme sans que 95% ne
disparaisse au passage! A coup de baguette magique?! Pour finir,
c’est se foutre de la gueule du monde que de faire des promesses
sur le long terme alors que déjà sur le court
terme, rien n’est fait (Attac a compté pendant plusieurs
années 50 députés de l’Assemblée
Nationale dans ses rangs)!!
Nous ne voulons pas une amélioration du système
politique, social et économique en place, nous voulons
son remplacement par un ou des systèmes de vie collective,
autogérés, au sein desquels chacun-e ait son mot
à dire, dans lesquels l’entraide est le but (et non la
concurrence).
Les propositions de réformes du système capitaliste
mondial ne sont que de naïves illusions qui permettent
à celui-ci de perdurer grâce à quelques
semblants de « démocratie ».
Concrètement, les réformes proposées par
quelques groupes politiques et\ou associatifs (taxe Tobin, revenu
garanti, etc…) ne changent rien aux rapports sociaux actuels
et ne font qu’accroître la soumission massive des populations
aux pouvoirs politiques.
Comment nous faire croire
que cette fumisterie, cette pseudo-« Attac », soit
une solution aux problèmes ?
Car il est des tares,
liées au capitalisme par un lien tellement étroit
qu’il est impossible de s’en débarrasser sans se débarrasser
du capitalisme lui-même :
* Tout d’abord, l’exploitation : la
logique du capitalisme se base sur la possession par certains
des moyens de production (achetés par une fortune héritée,
gagnée à force d’exploitation ou encore par magouille)
et sur le travail salarié, donc sur le temps acheté
aux employés par le propriétaire, le patron.
Ce patron va donc faire
travailler des individus qui seront rétribués
en fonction du nombre d’heures de travail qu’ils ont effectués
(nous ne nous préoccuperons pas ici des heures sup’ non
payées voire des vacataires pas payés du tout)
et les produits crées seront directement vendus pour
le profit du patron.
Aujourd’hui, une heure
de son temps vaut entre 5, 44 € et 20 € selon l’emploi
exercé : amusez-vous, faîtes le calcul pour savoir
combien vaut une existence en France… Waouh, c’est génial,
en bossant toute sa vie, on peut en acheter des choses !! Peu
importe si on a claqué avant de pouvoir en « profiter
» un peu à 65 ans, l’important est de CON-sommer…
« Armées
de zombies au boulot, à la chaîne ou dans les bureaux
; transformé en esclave passif, tête-légume
sur tube digestif ; c’est ça le miracle du capital :
on te donne de la merde et tu l’avales ; tu crèveras
en comptant tes points-retraite, sinistre existence honnête
» (10).
Tous les matins, c’est
la même chose. Tous les matins, frustration incommensurable
et ô combien humiliante: commencer la journée par
se forcer à se lever, sortir péniblement
du lit parce qu’« il le faut », chercher chaque
matin une raison valable de se réveiller si tôt
(je dois avouer être à court d’arguments…), en
somme faire quelque chose CONTRE sa volonté.
J’adore me lever à 6h30 tous les matins,
à moitié endormie, prendre le même
petit déjeuner de merde, suivre la même
routine de merde tous les matins; puis le même
bus à la même heure ou le même
trajet avec les mêmes embouteillages (pour ceux
qui ont une voiture) pour arriver à destination: 8 heures
de boulot inintéressant, duquel on est lassé en
moins d’un mois…
Rentrer chez soi, avec la même routine exaspérante:
faire la lessive, préparer la bouffe, s’occuper des mômes
si on en a, faire les choses qu’on a à faire, manger…
Résultat des
courses: il reste de TOUTE la journée quelques maigres
heures après dîner, quelques malheureuses heures
où la fatigue nous empêche de faire quoique ce
soit… A part regarder un film à la TV, histoire de s’anesthésier
un peu plus…
Puis dodo et rebelotte
le lendemain. On en arrive assez vite à se chercher des
excuses, à attendre avec impatience le week-end libérateur
(on pourra dormir deux heures de plus et aller faire les courses,
c’est génial d’avoir un peu de temps libre !), ou les
lointaines vacances (5 semaines par années!). Je
veux profiter de ma vie pleinement dès aujourd’hui, je
ne veux pas attendre 65 ans pour me lever tard si j’en ai envie,
pour lire quelques bouquins, me promener... En bref, pour vivre
!
On me vole ma vie et
je devrais courber l’échine?! Je devrais attendre comme
une conne la grâce de mon patron, qui m’«
accorde » s’il le veut bien des congés ridicules
aux dates qui m’intéressent ?!
PERDRE MA VIE
A LA GAGNER ?!
On me rétorquera
que « de toutes façon, ON N’A PAS le choix»…
Et je répondrai: effectivement!!
C’est d’ailleurs là où réside le
problème!
Gâcher sa jeunesse,
ses plus beaux jours, des moments merveilleux qu’on ne retrouvera
plus, des expériences inconnues; mais, en échange:
de nombreuses déceptions, des espoirs mis à la
poubelle, faire le bilan de sa vie à 60 ans et pleurer
de regrets, constater les larmes aux yeux combien le temps a
défilé vite, trop vite, sans que l’on puisse en
profiter... Beaucoup trop de temps PERDU…
en vendant son temps à l’employeur.
Ou alors profiter de
son existence dans toutes ses variations, visiter d’autres contrées,
jouir pleinement des quelques années où nous sommes
sur cette Terre, avoir de vrais projets pour l’avenir, en bref:
VIVRE… en ne travaillant que quelques heures par jour
pour la collectivité ou soi, avec l’assurance d’un toît
et d’un repas quelque soit notre activité professionnelle…
Le travail volontaire
a cet avantage indéniable qu’il est motivant
et attrayant. On ne
se force pas à faire quelque chose mais c’est une envie,
un service: varier les métiers, les occupations est le
meilleur moyen d’être autonome et de savoir se débrouiller
seul.
Il est vrai qu’officiellement, nous possédons actuellement
la « liberté de choisir » si l’on veut travailler
ou pas… mais en réalité, l’option « je veux
vivre ma vie » est très difficile a assumer à
long terme: ce n’est pas non plus agréable de galérer
constamment pour survivre. Ca n’est pas non plus agréable
de faire le même boulot toute sa vie: combien de passionnés
ont été dégoûtés à
force d’être obligés coûte que coûte
d'exercer la même profession?
Ce système des
plus pervers fait que des individus se tuent à la tâche
pour qu’un pourri puisse faire de gros bénéfices
et vivre comme un roi sur leur dos : pourquoi rester le salarié,
l’employé d’un autre, du propriétaire des moyens
de production ? Ces moyens de production, qui nous servent à
vivre, sont un bien collectif dont nul ne peut s’emparer sans
léser les autres. Les choses qui sont ainsi produites
appartiennent à toutes et à tous puisque les ressources
qui ont permis la création d’un tel produit appartiennent
à toutes et à tous.
De cette manière, quiconque s’empare des moyens collectifs
de production en disant pour je ne sais quelle raison: «
ceci est à moi », quiconque paie des individus
pour lui servir de machine et bénéficier de leur
travail pour s’enrichir en parasite, quiconque dépossède
les travailleurs de leur production est un VOLEUR. «
La propriété [des moyens de production],
c’est le VOL ! » disait Proudhon.
Un couplet de Vaneigem
disait en 68: « le travail TUE, le travail PAIE: le
temps s’achète au supermarché;
le temps payé ne revient plus, la jeunesse meurt de temps
perdu… ».
L’imbrication de cette
logique dans celle du capitalisme (de la propriété
privée des moyens de production jusqu’au salariat assassin)
rend le choix assez simple: vivre ou survivre, vivre
ou mourir. Croire que ces choses n’existeront plus
sans la destruction du capitalisme, c’est de l’UTOPIE.
* Ensuite, la mort
: comment ne pas être indigné du pillage des ressources
dans le Tiers-Monde par les grandes firmes capitalistes ? Ils
volent la terre, les ressources naturelles du monde entier,
ensuite ils embauchent à un salaire
DERISOIRE des travailleurs et puis ils revendent
les produits transformés et gardent le profit réalisé.
Ils, ce sont les rapaces qui foncent dès
qu’il y a des profits à faire, même s’ils sont
obtenus par le malheur, la mort et la souffrance.
Ils
c’est par exemple Nestlé (ou les autres multinationales
de l’agro-alimentaire), qui, profitant de la vétusté
et du manque d’équipement des hôpitaux de ces pays
en voie de développement y effectuent des visites régulières
au cours desquelles des agents de ces compagnies font des dons
officieux en argent aux infirmières et médecins
et quelques promesses de soutien financier en échange
de la promotion de leurs produits auprès des mères.
Celles-ci reçoivent ainsi des échantillons gratuits
de poudre de lait et repartent chez elles avec des biberons
et des tétines « généreusement offerts
», convaincues que la nourriture industrielle du «
nord » conviendra mieux à leur bébé.
Cependant, du fait de l’absence d’eau pure, de stérilisateurs
à biberons et d’argent pour renouveler le stock de boîtes
de lait en poudre, cet espoir tourne généralement
vite au cauchemar. Les risques sanitaires dus à une mauvaise
utilisation du lait déshydraté provoquent des
agressions microbiennes, virales et parasitaires.
Le manque d’argent pousse aussi souvent les parents à
diluer la poudre au maximum, ce qui provoque une malnutrition
chez l’enfant. Ainsi, beaucoup d’entre eux meurent de
ce fait, de déshydratations diarrhéiques
et de maladies respiratoires ou virales. Si les mères
sont souvent mal nourries, l’allaitement au sein pourrait au
moins leur permettre de transmettre à leurs bébés
les anticorps nécessaires à leur survie, ce que
le lait en poudre ne fait pas. Mais une fois qu’une
femme a opté pour le lait en poudre, grâce à
la promotion meurtrière de Nestlé et consorts,
elle ne peut plus revenir en arrière car son corps cesse
de produire du lait au bout de quelques temps.
Même si ces faits sont connus des multinationales en question,
même si un important boycott organisé dans certains
pays du Nord a terni leur image, malgré les traités
signés, une récente enquête menée
dans plus de 150 hôpitaux a prouvé que ces multinationales
continuent délibérément de tout faire pour
inciter les femmes à renoncer à l’allaitement
maternel et il en résulte que 44% d’entres elles font
le choix d’allaiter leurs enfants. Outre Nestlé, plus
de 30 société commerciales (Danone pour la france)
mènent cette horrifiante politique « éducative
» dans le Tiers-Monde pour le seul profit de leur tiroir-caisse.
Ils, ce sont ceux qui dans le fin fond de l’Amazonie
condamnent des Indigènes U’wa au suicide collectif: cette
communauté refuse de laisser les grandes compagnies de
pétrole piller les ressources qui appartiennent à
tout le monde et préfère disparaître en
masse plutôt que de le cautionner...
Ils, ce sont les vendeurs de mort qui exportent
depuis tous temps des armes en tout genre, de la machette au
tank, du canon au lance-roquette en passant par les mines anti-personnels
et les bombes toujours plus meurtrières.
Ils, ce sont les pilleurs impérialistes
qui achètent à prix de revient les cultures et
céréales des pays pauvres (après avoir
graissé la patte aux dictateurs ou notables locaux) pour
nourrir le bétail occidental. « On vole le
grain du pauvre pour nourrir la vache du riche »
disait M. Milner .
La moitié exactement de la récolte céréalière
mondiale sert aujourd’hui à engraisser les animaux :
60% des importations de produit de fourrage proviennent des
pays en voie de développement. Dans ces pays, 40000 enfants
meurent de faim chaque jour, 1,3 milliards d’êtres humains
souffrent de malnutrition et chaque année 50 millions
d’êtres humains meurent de faim ou de maladies engendrées
par la faim. Pourtant, une telle aberration, un tel déséquilibre
pourrait sérieusement et de manière parfaitement
envisageable être réduit en peu de temps (sous
réserve de reprendre le contrôle de la production
en se débarrassant du capitalisme ! ).
On imagine mal un gros patron ponte du marché céréalier
se soucier des morts de faim un jour alors que des centaines
de milliers ne sont déjà plus de ce monde par
sa faute…). En effet, on pourrait nourrir 100 millions d’hommes
supplémentaires en réduisant seulement de 10%
la consommation de viande dans les pays industrialisés
! Les gros lobbies de la nourriture céréalière
et carnée se gardent bien de faire la promotion de telles
études promouvant le végétarisme et on
comprend pourquoi ! L’impérialisme capitaliste est toujours
présent, pour le malheur des pays pauvres… Et il y en
a qui s’étonnent encore qu’il n’y ait rien à bouffer
là-bas, qu’ils n’y ait pas de nourriture sur place -
car ils doivent racheter leurs propres récoltes! Ils
s’étonnent de ces famines qui tuent régulièrement
par dizaine de milliers !
Ils, ce sont les mêmes impérialistes
occidentaux qui gaspillent et provoquent des milliers de mort
: sur un hectare de terre où l’on produit seulement 50Kg
de viande de bœuf, on pourrait aussi bien produire dans les
pays industrialisés (comme dans les pays les plus pauvres,
selon le type de culture) 4 tonnes de pommes, 10 tonnes de tomates,
8 tonnes de pomme de terre et 12 tonnes de céleri par
exemple. De quoi laisser songeur, quand on voit le discours
que nous tiennent les officiels du FMI ou de la Banque Mondiale
qui affament en spéculant…
Mais il est aussi essentiel de souligner qu’il y a une différence
entre « famine » et « disette »: de
nos jours, les famines sont en effet très souvent organisées
(excellente arme de pression politique) et ne sont que rarement
le fruit d’un manque de nourriture dans le pays lui-même…
C’est en ce sens que la prétention des OGM à «
nourrir la planète » est une hypocrisie à
dénoncer car la bouffe est suffisante à la surface
de le planète pour remplir tous nos ventres (pour preuve,
la surproduction qui entraîne une overdose de nourriture
dans les pays occidentaux (obésité…).
Ils,
ce sont les firmes comme Nike qui, avec l'avènement du
libéralisme, délocalisent leurs entreprises pour
s'installer dans des pays (Indonésie, Vietnam, Maroc,
Bengladesh...) où la législation sociale, fiscale,
et environnementale est moins regardante et où la main
d'œuvre est plus "flexible". Les énormes profits
libérés sont en partie réinvestis dans
la pub (3.5 milliards de francs en 96 pour Nike). La réalité
des conditions de travail sur le terrain dans les usines de
sous-traitance où se fait l'essentiel de la confection
est abominable et dénoncé par nombres d’organismes
tels que l’UNICEF: bas salaires et heures supplémentaires
obligatoires, mauvaises conditions d'hygiène et de sécurité
dans le travail, atteinte a la liberté syndicale, travail
forcé et esclavagisme, travail des enfants...
En effet, les ouvrières rémunérées
à la pièce, sont contraintes de faire des heures
supplémentaires. En Indonésie, les ouvrières
travaillent 12h par jour ce qui ne leur permet même pas
de réaliser les quotas exigés par l'employeur
pour toucher la totalité de leur faible salaire. Dans
les ateliers souvent vétustes et mal équipés
règne une chaleur étouffante où se mêlent
vapeur d'eau et produits toxiques. Dans ces conditions, maladies
(cancers du nez, leucémies, maladies de peau et anémies),
accidents, évanouissements et troubles liés au
surmenage sont fréquents.
Se rajoutent à cela une surveillance permanente liée
à des sanctions corporelles, insultes, menaces disciplinaires.
Et quand apparaît toute velléité d'organisations
pour se défendre, voilà ce qui arrive: à
Casablanca (Maroc) en 92, des ouvriers adressent à la
direction une pétition pour qu'elle respecte les droits
syndicaux qui leur sont reconnus par la loi du pays.
Réponse: 12 personnes sont licenciées.
Les travailleurs/euses du groupe Super Rifle
se mettent alors en grève, obtiennent gain de cause,
la direction engage des hommes de main pour intimider et casser
le mouvement.
Le syndicat Union Marocaine du Textile proteste. Le
secrétaire général du parti est alors emprisonné
pendant 3 ans... pour "entrave à la liberté
du travail"!!! Pire encore, au Pakistan, en Inde...
des adultes et des enfants sont maintenus en esclavage pour
éponger des dettes familiales dues à leur employeur
en raison d'un salaire insuffisant pour faire face aux frais
d'hébergement. Le Bureau International
du Travail estime que 20 millions de Pakistanais
(sur 130M) sont asservis pour dettes dont 7.5M d'enfants. On
pourrait également évoquer le travail clandestin
qui existe en Europe, le travail à domicile qui échappe
à tout contrôle et empêche ainsi toute protection
des travailleurs/euses, ou encore de l'utilisation par la Chine
et les États-Unis de prisonniers pour produire des biens
de consommation courante dont on ne soupçonne pas l'origine.
En ajoutant que lorsque le pays lui-même prend des mesures
pour « protéger » un minimum les travailleurs
(par exemple droit des syndicats), Nike délocalise à
nouveau dans un autre pays! Ainsi, les pays sont contraints
s’ils veulent garder ces entreprises chez eux de faire encore
et encore plus d’impasses sur le droit du travail!!
Ils, ce sont aussi les patrons du monde entier
et autres firmes capitalistes transnationales, les impérialistes
de tout bord et les marchands de mort qui ne sèment rien
d’autre sur leur passage que le malheur et la souffrance.
* Puis,
le mensonge : la base même de l’idéologie
capitaliste est que TOUT est marchandise. Par là-même,
il est facile de comprendre l’absurdité à laquelle
nous sommes confronté toute notre vie : à les
entendre, il semblerait que l’on doive ACHETER SA VIE ! A la
naissance, on nous explique que jusqu’à 18 ans, «
la maison fait crédit » et les parents paient l’addition
en se serrant la ceinture un peu plus. Puis vient le temps des
hautes études pour certains (prolongation du délai
accordé de bonne grâce à ceux qui en ont
les moyens), du paiement cash de la facture pour les autres.
De toute manière, personne n’y échappe. Un jour
ou l’autre, il faut s’y mettre…
Tu veux dormir
? Paie !
Tu veux manger ? Paie !!
Tu veux boire ? Paie !!!
Tu veux pisser, avoir
l’électricité, prendre un bain, te chauffer, le
gaz, te déplacer…Il faut de la monnaie, tu dois pour
cela trimer, « c’est pas bien de vivre comme un
assisté ».
C’est quoi le délire ? A partir du moment où un
individu quelqu’il soit naît sur cette
planète, ces choses, besoins élémentaires,
lui reviennent de droit ! Mais qui ne peut prétendre
à jouir au même titre qu’un autre de boire l’eau
de tous, de manger les fruits de tous, de cultiver la terre
de tous… ?? Quelle est cette GRANDE ARNAQUE qui vise à
nous vendre nos vies pour pouvoir exister ?
Cette fois-ci encore, je mets quiconque au défi d’oser
me raconter qu’une « réforme » du système
est viable et pourrait permettre aux individus de vivre véritablement
mieux, étant donné l’extrême perversité
du capitalisme et de toutes les doctrines qui s’en inspirent…
Face à ces utopies
permanentes de la vie quotidienne, à ces idéalistes
moyens de la vie de tous les jours qui espèrent, espèrent
et ESPERENT encore et encore qu’« un jour, ça changera
», tout seul, comme ça… Que « les autres
», « Ils » s’en chargeront…
« Moi, j’y comprends pas grand chose à tous
ces trucs; eux, ils savent mieux que moi…
». Face à ces passifs résignés qui
attendent d’un autre un meilleur destin, qui s’en remettent
perpétuellement à des « professionnels »
de la politique, du syndicalisme, de la contestation… je n’ai
que ces mots à leur crier : réveillez-vous ! On
n’est pas dans Alice au Pays des Merveilles, aucun dirigeant
n’en a rien a branler de votre vie, vous remettez constamment
à plus tard l’heure du réveil… Et lorsque la sonnerie
fatidique retentira enfin, vous serez soit dans votre tombe,
soit devenu des résignés, des passifs blasés
et dégoûtés totalement amorphes et ayant
perdu tout goût de lutter, sans aucune ambition d’émancipation,
conformistes à souhait… Bref, de quoi faire sourire jusque
là tous les chefs et p’tits chefs à la recherche
d’esprits soumis non contestataires à diriger… Votre
malheur fera bien le bonheur d’autres, ces
mêmes autres en qui vous aviez jusque
là une confiance aveugle…
SORTEZ DE VOTRE
REVE, VOUS ETES DES UTOPISTES !
* Pour finir sur une évidence :
personne ne peut plus aujourd’hui nier les ravages écologiques
liés au capitalisme, qu’il
soit d’ailleurs privé comme aux USA ou d’État
comme dans tous les pays marxistes et autres pseudos-communistes.
Que l’on se souvienne des catastrophes pétrolières
(comme avec l’Erika mais aussi tant d’autres dans le monde chaque
année sans que les médias ne nous parlent de quoique
ce soit), des pôles chimiques à proximité
des villes ou non (qui ne se contentent pas de polluer, de dégrader
l’environnement et de fabriquer des bombes mais aussi de nous
exploser au nez comme avec AZF), des gaspillages énormes
de l’eau potable (avec certaines industries qui nécessitent
immensément d ‘eau pour fonctionner, la pollution incontrôlée
de nappes d’eau souterraine avec l’élevage industriel,
la dégradation de la qualité voire la pollution
irréparable de très nombreux ruisseaux, rivières,
torrents, sources avec le rejet de produite nuisibles et toxiques
par des industries inutiles…), du trou dans la couche d’ozone
(même si certains hypocrites ayant signé les accords
de Kyoto (11) agitent
comme un pantin les USA « peu respectueux de l’environnement
», du style « nous, on
l’est » !!! Quelle blague !), de la déforestation
massive (qui condamne des terres cultivables entières
à l’abandon, étant cuites par le soleil), de tous
ces désastres qui tuent chaque jour un peu plus la terre,
l’eau, l’air, qui assombrissent le futur d’un nuage radioactif
et d’une pénurie d’eau potable…
Pour toutes ces raisons
mais aussi pour d’autres (lien entre le capitalisme et la montée
du fascisme, le sexisme et toutes les oppressions,…), il ne
fait aucun doute sur l’efficacité du système capitaliste
quant au bonheur collectif :
IM-PO-SSI-BLE ! Tant
que capitalisme, hiérarchie, salaire, autorité
il y aura, oppression, inégalités, souffrance,
exploitation existeront.
Croire que notre quotidien peut s’améliorer notablement,
que l’on peut changer la forme en gardant le fond; enfin, attendre
d’un système capitaliste et autoritaire une vie décente
et libre…
CELA, c’est de
l’UTOPIE !
Inversement,
sans autorité ni hiérarchie, avec une pratique
réelle et régulière de la solidarité,
une égalité politique, sociale et économique,
les conditions idéales sont réunies pour que n’importe
qui puisse s’épanouir et vive réellement sa vie…
Sans barrières, sans frontières et sans États,
nous vivrons dans un monde où la solidarité, l’égalité
et la démocratie ne seront plus de vains mots clamés
par des gouvernants et des patrons hypocrites ; la Terre ne
sera plus un vivier de territoires à contrôler,
à saccager, à asservir aux intérêts
d’une minorité… En bref, une utopie bien plus concrète
et envisageable que celle qui prétend conjuguer liberté
et gouvernement, égalité et capitalisme, solidarité
et hiérarchie…
AGNES RUBIOT
(décembre 2002)
________________________________________
(1).
La Constitution de 1958 qui nous régit actuellement précise
à son article 27 que « tout mandat impératif
est nul ». Le mandat impératif, c’est l’engagement
d’un élu à faire ce pourquoi il a été
élu : ainsi, cela s’est d’ailleurs vérifié
avec de Gaulle en 1960 (un élu a été interdit
de réaliser ses promesses, réclamées par
des agriculteurs), un politicien qui cèderait à
la pression de la rue et accomplirait ses promesses électorales
serait même empêché de le faire par la Constitution
!! Ne nous leurrons pas, le système est pourri à
la racine même… (retour)
(2). Notez que quelque soit votre camp, votre
armée est toujours la meilleure et vous protège
des autres armées qui sont « méchantes-pas-gentilles
», surtout si elles n’ont pas les mêmes affinités
politiques ou religieuses. (retour)
(3). Source
: le Monde du 20 Février 2002, article de Ch. Le. (retour)
(4).
La preuve, il a laissé entendre qu’il légaliserait
le cannabis et qu’il était contre le Pen… (retour)
(5).
Le « nous » se veut impersonnel et généralisateur.
Il y a bien entendu des individus, dont les anarchistes, qui
ont une conception différente, celle du refus d’attendre
d’un homme quelconque les ordres que celui-ci pourrait leur
donner. C’est bien connu : tous les chefs ont tort ! (retour)
(6).
Notez la belle antithèse qui associe « dirigeant
» à tous ces beaux qualificatifs ! (retour)
(7). Boutade de Bakounine, citée dans
« la science et la tâche révolutionnaire
urgente » de Kolokol, Genève, 1870. (retour)
(8). Le supposer est une utopie. (retour)
(9). Il existe des mots qui, associés
ensemble, sont communément appelés des «
contraires ». Ainsi, il ne peut y avoir de «
morts-vivants », d’abattoirs qui «tuent»
« humainement » ou encore de «
capitalisme à visage humain ».
(retour)
(10). « Zombies » de Kochise, tiré
de leur disque « Dans le meilleur des mondes ».
(retour)
(11). Notamment signés en 1997 par les
grandes puissances industrielles, les Accords de Kyoto visent
à réduire d’ici 2010 les rejets de CO2 dans l’atmosphère
afin de ne pas agrandir le trou de la couche d’ozone. Seuls
les USA n’ont pas signé et les pseudos-écolos
« dénoncent » à qui veut l’entendre
les « méchants-
américains-qui-sont-pas-gentils-avec-la-couche-d’ozone
» : soyons réalistes, le capitalisme n’en a rien
a carrer de l’écologie ! (retour)