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LA CHANSON DE CRAONNE

I. Quand au bout de huit jours,
le repos terminé
on va reprendre les tranchées,
notre place est si utile
que sans nous on prend la ville.
Mais c'est bien fini, on en a assez
personne ne veut plus marcher !
Et le cœur bien gros
comme dans un sanglot
on dit adieu aux civ'lots...
Même sans tambour,
même sans trompette
On s'en va là-haut en baissant la tête.


Refrain : Adieu la vie
Adieu l'amour
Adieu toutes les femmes
C'est pas fini
C'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser not' peau
Car nous sommes tous condamnés
C'est nous les sacrifiés !


II. Huit jours de tranchées,
huit jours de souffrance,
pourtant on a l'espérance
que ce soir viendra la relève
que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
on voit quelqu'un qui s'avance :
c'est un officier
de chasseurs à pied
qui vient pour nous remplacer.
Doucement, dans l'ombre,
sous la pluie qui tombe,
les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.

III. C'est malheureux de voir
sur les grands boulevards
tous ces gros qui font leur foire ;
si, pour eux, la vie est rose,
pour nous, c'est pas la mêm' chose...
Au lieu de s' cacher,
tous ces embusqués
feraient mieux d' monter
aux tranchées
pour défendre leurs biens,
car nous n'avons rien,
nous autres, les pauv' purotins...
Tous les camarades sont enterrés là,
pour défendre les biens
de ces messieurs-là.
Ceux qu'ont le pognon,
ceux-là r'viendront,
car c'est pour eux qu'on crève...
Mais c'est fini, car les trouffions
vont tous se mettre en grève !
Ce s'ra votre tour,
messieurs les gros,
De monter sur l' plateau,

Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau !

Chanson d'auteur anonyme
et ayant circulé en 1917.
Elle se chante sur l'air de "Bonsoir M'amour" (SABLON).